Robert Angebaud devait, à l'âge de 19 ans, venir les armes à la main combattre au sein de l'armée coloniale durant la guerre d'Algérie, mais il a refusé, ce qui lui a valu 27 mois de prison pour insubordination. Aujourd'hui, devenu comédien, c'est avec un texte de Camus qu'il vient à Oran, près d'un demi-siècle après, pour interpréter La Chute sur la scène du CCF d'Oran. Cette adaptation théâtrale du texte original du prix Nobel de littérature est prévue mardi. « Compte tenu de cet antécédent, Robert Angebaud est très ému de venir en Algérie », déclare Romain Fohr, enseignant et homme de théâtre, qui est intervenu lors d'une conférence de présentation du programme trimestriel du Centre culturel français présidée par le nouveau directeur de cette institution, Gaëtan Pellan. Il s'agira toutefois d'une « lecture améliorée » de la pièce produite par la compagnie Garance. Cet événement est inscrit dans la perspective de rendre hommage à Albert Camus, natif d'Algérie, disparu dans un accident de voiture le 4 janvier 1960 et qui, si ce n'était la polémique soulevée par sa déclaration à Stockholm au sujet de la justice, notamment lorsque celle-ci est prise hors de son contexte, aurait été le meilleur lien entre l'Algérie et la France post-indépendance. La programmation de cette œuvre sera entourée d'un ensemble d'activités liées au théâtre, notamment la conférence qui sera donnée par Romain Fohr au département des arts dramatiques de l'université d'Oran ce jeudi et qui sera intitulée « La Naissance de la scénographie ». Pour cet universitaire, « le théâtre était déjà au cœur de la cité dans l'antiquité et était l'un des fondements de la démocratie grecque et reste un rempart contre la ghettoïsation ». Son séjour à Oran sera une occasion d'approfondir le débat sur les contributions des metteurs en scène ou auteurs cités tels que Abdelkader Alloula, Kateb Yacine, Mouloud Mameri, Rachid Boudjedra et Mohamed Dib. Des stages sont prévus avec la Fondation Alloula dirigée par Raja, mais aussi le département des arts dramatiques et l'université populaire. Romain Fohr vient pour la troisième fois à Oran. Il y a quatre ans, il a assisté au montage d'un spectacle, une comédie musicale, intitulée Les Corsaires et dont la musique est composée par Francis Moerman, un des piliers de la guitare manouche traditionnelle. Toujours dans le domaine du 4e art, la compagnie Candela présentera Le Malade Imaginaire de Molière le jeudi 28 janvier à la maison de la culture de Mostaganem. Ce spectacle est inscrit dans le registre de l'expérimental.