Dix douaniers, dont un inspecteur principal de visite voyageurs du port d'Annaba, ses deux inspecteurs adjoints de visite, un chef de poste, trois agents de la brigade ambulante et trois autres de la brigade de surveillance, ont été auditionnés, mercredi dernier, par des enquêteurs de la brigade de recherches et d'investigations, relevant du groupement de la gendarmerie de Constantine, avons-nous appris de sources sures. Ils sont soupçonnés de complicité ayant permis l'arrestation, la semaine dernière, dans la commune de Zighoud Youcef (Constantine), de deux frères en possession d'un lot de 17 moteurs usagés. Destinée au marché des pièces de rechanges usagés, cette marchandise est transportée à bord de deux véhicules utilitaires, une Renault Express et une Citroën Jumper. En provenance de Marseille, ces derniers étaient sur le car-ferry El-Djazair II. A l'audition, les deux frères, originaires d'Ain M'Lila, ont déclaré avoir réussi à passer les maillons des filets des douanes algériennes à partir du port d'Annaba. Le déplacement des gendarmes enquêteurs à Annaba depuis Constantine obéit à une procédure d'extension de compétence, où les auditions se sont effectuées au niveau de la brigade de la gendarmerie nationale de la cité Rezgui Rachid (Ex Saint-Cloud). L'interrogatoire poussé des gendarmes a duré jusque tard dans la soirée du mercredi à jeudi. La commission rogatoire n'a pas lésiné sur l'effort pour tenter de mettre au jour cette complicité ; d'autant plus que les deux mis en cause sont des récidivistes. En effet, pour les mêmes faits perpétrés au niveau du port de Skikda, ils ont été sévèrement sanctionnés. Contactée, la direction des douanes de la wilaya d'Annaba s'en lave les mains. «En application d'une instruction du ministère du Commerce datée de 2003, il est formellement interdit d'importer des pièces de rechange usagées pour véhicules. Cela relève de la sécurité publique. Les enquêteurs vont situer les responsabilités et ceux qui ont failli pour une raison ou pour une autre seront sanctionnés», martèle-t-on. Faut-il relever que depuis un certain temps, le port d'Annaba est périodiquement secoué par des scandales concernant des importations douteuses. En effet, il y a quelques semaines, l'on a tenté de faire introduire des containers bourrés de ballots de friperie, déclarés effets vestimentaires de luxe. Quelques jours auparavant, la même institution a été la scène d'importation de 250.000 cartouches et autant de capsules, dont les munitions ont été déclarées comme quincaillerie. Cette affaire a été suivie par une autre, non moins scandaleuse, portant sur une opération d'importation de 2.200 tonnes de sucre introduite avec une fausse déclaration. Selon des douaniers en place, «cette succession d'affaires, les unes aussi douteuses que les autres, n'est pas un fait anodin. C'est un message à l'adresse de la direction locale des douanes qui, depuis quelques mois a adopté une rigueur dans la gestion de son activité, qui semble déranger plus d'un opportuniste».
