Le ministère de la Santé tente tant bien que mal de rassurer sur l'efficacité du vaccin contre la grippe A(H1N1) et de convaincre le personnel médical à se faire vacciner. Un corps sur lequel il compte beaucoup pour faire aboutir sa stratégie de vaccination. Pour ce faire, des regroupements régionaux sont organisés depuis la semaine dernière avec le personnel médical et des experts pour s'informer et débattre de la question. D'ailleurs, un programme d'information et de sensibilisation sur le vaccin, son utilité, ses effets sur le virus, a été tracé, selon le directeur de la communication du ministère de la Santé. Lors d'un point de presse organisé hier au siège du ministère, M. Belkessam a souligné que ce programme vise à expliquer et à réponde aux interrogations de tout le personnel médical sur ce produit. Il est important, selon lui, de montrer avec des données scientifiques l'importance de cette vaccination pour stopper la propagation du virus d'autant que notre pays s'apprête à connaître un pic pandémique dans les prochaines semaines. Ainsi des réunions régionales sont programmées au niveau des structures de santé, animée en vidéo-conférences pour une mise à niveau des connaissances des personnels de la santé et garantir ainsi le bon déroulement de la campagne de vaccination. Pour docteur Derrar, le directeur du laboratoire de référence de la grippe à l'Institut Pasteur d'Algérie, la vaccination demeure l'unique moyen de prévention et elle constitue « le seul garant qui contrôle la pandémie ». Pour lui, « il n'est pas normal que des médecins rejettent l'acte vaccinal qui peut les protéger et acceptent de prendre le risque d'examiner un malade atteint de la grippe A. Le médecin, qui déconseille à ses patients de se faire vacciner, a une responsabilité morale », a tenu à préciser M. Belkessam, avant de souligner que « le médecin est dans l'obligation de respecter et d'appliquer un programme sanitaire national. Il doit aussi faire appel à toutes les ressources thérapeutiques permettant la sécurité sanitaire de ses patients ».A la question de connaître davantage les raisons du décès du médecin de Sétif, le docteur Derrar exclut le lien direct avec la vaccination. « Sur l'ensemble des personnes vaccinées avec le même vaccin à travers le monde, aucun cas pareil n'a été signalé. Les incidents mineurs ou majeurs liés au vaccin apparaissent souvent deux à trois heures après l'acte vaccinal et non pas 30 heures après », a tenu à préciser Dr Derrar, estimant que la vaccination contre la grippe A est plus que nécessaire, car l'on s'attend à une recrudescence de cas de grippe et de décès. En tant que scientifique, il ne comprend pas « toute cette réticence face à vaccin qui ne peut être que bénéfique » pour la santé des milliers d'Algériens. A propos des résultats de l'autopsie du défunt médecin, M. Belkessam signale que l'affaire est entre les mains de la justice et la décision revient au parquet de Sétif. A noter que depuis le lancement de la campagne de vaccination, le taux des vaccinés dans le corps médical n'a même pas atteint le 1%. « Les campagnes de vaccination des personnels de la santé et celle des femmes enceintes (lancées respectivement le 29 décembre 2009 et le 5 janvier 2010) ne sont pas très fortes pour le moment », avoue M. Belkessam, qui signale que le ministère redoublera d'efforts en matière de sensibilisation à l'égard du personnel de la santé « afin d'infléchir sa frilosité à l'égard de cette vaccination ». Interrogé sur le devenir des quantités de doses de vaccin dans le cas où la vaccination est toujours boudée, M. Belkessam a tenu à préciser que la commande des 20 millions de doses, dont le coût est de près de 8 milliards de dinars, n'a pas été payée entièrement. L'Institut Pasteur d'Algérie, qui s'est occupé de l'achat du vaccin auprès de la filiale canadienne du laboratoire britannique GSK, « paye uniquement par lot réceptionné selon les clauses du contrat ».