Le préavis de grève générale et illimitée, lancé avant-hier par le syndicat des travailleurs suite au refus de la direction générale du complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar de réhabiliter la cokerie, a été mis à exécution hier par le syndicat. Dès 5h, ce mouvement de grève a été déclenché à travers l'ensemble des installations et unités du complexe d'El Hadjar. Tout en assurant un service minimum au niveau des structures à caractère sensible telles que les réseaux de distribution de l'énergie, la médecine du travail, l'unité de la Protection civile et la sécurité de l'usine, les 7200 travailleurs ont paralysé tous les ateliers de production et de maintenance, les dépôts, les points de vente d'ArcelorMittal Algérie. Que ce soit au Centre (Réghaïa, Blida, El Kseur), à l'Ouest (Mostaganem, Sidi Bel Abbès, Oran), à l'Est (Annaba, Skikda, El Khroub, Mezloug) ou aux installations portuaires (points d'exportation), les travailleurs ont massivement répondu à l'appel à la grève lancé par le partenaire social. Quelques heures plus tard, plus de 6000 sidérurgistes sur les 7200 que compte l'usine ont observé un piquet de grève devant le siège de la direction générale au terme duquel ont été prises d'importantes décisions. Il a ainsi été convenu que les travailleurs organiseront une marche pacifique depuis leur usine jusqu'au siège du groupe Sider (Chaïba) détenteur de 30% des actions du complexe. C'est la deuxième fois après celle de juillet 2009 que ce dernier est paralysé. En effet, depuis 2001, date de la cession de 70% des actifs du complexe d'El Hadjar au profit du géant indien de la sidérurgie, les travailleurs décident pour la seconde fois de passer à l'acte en paralysant l'ensemble des unités de l'usine. Cette fois-ci, il s'agit principalement du devenir de l'unité cokerie dont les différentes expertises s'accordent sur un montant de 40 millions de dollars pour sa réhabilitation. Les longs et inlassables pourparlers n'ont pas abouti. L'employeur est resté accroché à la « transaction » sociale qu'il offre aux représentants des travailleurs. Il a réaffirmé, dans un communiqué, sa volonté de dialoguer avec les partenaires sociaux en soulignant son engagement à revaloriser les métiers-clés de production, intégrer chaque fois que c'est possible des sous-traitants intervenant dans le process de fabrication et mettre en place des critères d'évaluation du personnel et de la gestion des carrières. C'est-à-dire qu'il affiche son accord total sur tous les points inscrits dans la plateforme de revendications du préavis de grève du partenaire social, excepté le principal, la réhabilitation de l'unité de la cokerie. Contacté, Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat de l'entreprise, a affirmé : « La direction générale, représentée par Vincent Legouic, ne fait qu'attendre les directives du groupe, dont le siège est à Luxembourg. Mais nous sommes plus que jamais déterminés à aller jusqu'au bout de nos revendications, que nous considérons légitimes vu les résultats positifs réalisés par ArcelorMittal Algérie, durant les deux derniers mois. Les efforts consentis et la mobilisation quotidienne des travailleurs ont jusque-là épargné l'usine des prolongements des retombées de la crise financière mondiale. » A ce nouveau et énième combat des sidérurgistes, la centrale syndicale n'est pas restée indifférente. Selon toujours Smaïl Kouadria, qui est également le chef de file des négociateurs, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, est en contact avec les pouvoirs publics et suit avec une attention soutenue et une grande inquiétude ce mouvement de grève qui ébranle depuis hier le monde de la sidérurgie nationale et même internationale. « Le SG de l'UGTA nous a assurés de sa solidarité et de son appui pour notre mouvement revendicatif », nous a-t-il déclaré, avant de dévoiler les dessous des surenchères auxquelles a recours le partenaire indien. Tout porte à croire que par ce comportement aux desseins inavoués, les Indiens essayent d'exercer une sorte de pression sur le gouvernement algérien pour le pousser à accompagner financièrement leur plan d'investissement. En outre, plusieurs connaisseurs en la matière estiment à 1 million de dollars les retombées sur le plan économique de la première journée de grève de mardi.