Après plusieurs années de silence et d'inertie, l'administration à Boumerdès décide enfin de sévir contre les mauvais investisseurs. Une vaste opération d'assainissement de la situation des 32 Zones d'activités et de dépôt (ZAD) de la région a été lancée récemment à la demande du nouveau wali. Cette opération vise à mettre un terme au détournement dont fait l'objet le foncier industriel, mais aussi à récupérer les assiettes de terrain non exploitées par leurs bénéficiaires en vue de les octroyer aux vrais porteurs de projets. Moins d'un mois après leur entame, les résultats des sorties d'inspection effectuées dans les ZAD sont surprenants. Une source proche du dossier fait état de 250 investisseurs à travers la wilaya, qui n'ont pas encore entamé leurs projets, malgré l'obtention des actes de concession il y a plusieurs années. Plusieurs autres individus, comme à Ouled Moussa et Khemis El Khechna, ont sous-loué les terrains à des tiers alors que d'autres ont érigé des salles de fêtes et autres structures, comme c'est le cas à Naciria et Bordj Menaïel. Ce phénomène, qui a pris de l'ampleur grâce à la complicité et l'indifférence de certains hauts responsables de la wilaya, a porté un sérieux coup à la machine du développement au niveau local. Les responsables chargés de la remettre sur les rails ont souvent fait du favoritisme et du clientélisme des règles de gestion. Les faux investisseurs, que d'aucuns qualifient de spéculateurs fonciers, ont été mis en demeure d'entamer la réalisation des unités industrielles promises dans un délai d'un mois, sous peine de recourir à la justice pour annuler leurs actes de concession. Néanmoins, vu la complexité de cette dernière procédure, le ministère de tutelle a annoncé la mise en place d'une nouvelle loi à même de récupérer les terrains concédés par une simple décision administrative. En attendant, la direction locale de l'industrie a suspendu la délivrance des actes de concession depuis plusieurs semaines. L'octroi de ce document est suspendu désormais à la réalisation de 20% du projet inscrit, a-t-on indiqué. Cette décision a été prise afin de lutter contre les spéculateurs fonciers. Outre la récupération des terrains non exploités, l'administration est appelée aussi à se pencher sur la situation des ZAD qui ne sont pas encore viabilisées. Ainsi, hormis celles de Naciria, Baghlia et Ouled Moussa, les zones d'activités de la région sont dépourvues de route, de gaz naturel, voire de réseau téléphonique, ce qui entrave énormément les activités des opérateurs économiques. Ces derniers ont été invités à maintes reprises à mettre la main à la poche, mais les appels à contribution des autorités sont restés sans suite. Même la zone industrielle de Larbaâtache tarde à être viabilisée. Le projet a été octroyé par l'Aniref à l'ETHB Haddad en 2016 pour un délai de 20 mois, mais le taux d'avancement des travaux n'a pas encore dépassé 30%. Ce qui a retardé le lancement de 168 projets d'investissement, dont une centaine est d'envergure nationale.