Un syndicat autonome de la Fonction publique vient de relancer le débat sur la création d'un regroupement syndical démocratique qui englobera et les travailleurs de la Fonction publique et ceux du secteur économique. Ce regroupement, qui sera une force de proposition, d'opposition et un contre-pouvoir, prendra la forme d'une Confédération générale des travailleurs d'Algérie (CGT), l'équivalent de la CGT française, qui constituera un cadre pour la défense des droits des travailleurs algériens et dans laquelle chaque secteur aura une liberté d'action selon les intérêts de ses travailleurs. L'idée de la création d'une confédération ne date pas d'aujourd'hui mais remonte à plusieurs années. Déjà en 2002, les syndicats autonomes avaient évoqué cette question et sont même allés loin en besogne en réunissant toutes les conditions de sa création, mais les pouvoirs publics ont vite fait d'étouffer ce nouveau-né en refusant de délivrer un agrément à ses initiateurs. Quatre ans plus tard, les syndicats autonomes, réunis sous l'égide d'une coordination nationale, ont décidé de rouvrir ce dossier et d'étudier toutes les modalités pour son aboutissement, seulement, les divergences et susceptibilités existant entre les différents syndicats ont ralenti la naissance de ce regroupement. Aujourd'hui, ayant pris conscience, plus que jamais, de la nécessité d'aller vers la création d'une telle organisation, les syndicats autonomes ont relancé la réflexion sur ce projet. A l'unanimité, les syndicats des différents secteurs estiment qu'un débat élargi à tous les travailleurs s'impose pour connaître les avis des uns et des autres sur ce projet et ce, afin de le mûrir. M. Mériane, porte-parole du Snapest, note que ce projet est noble mais que son aboutissement nécessite certains efforts et sacrifices. « Les syndicats doivent aplanir leurs divergences, comme il faut mettre de côté le problème de leadership. Certains syndicats doivent également bannir de leur lexique le mot exclusion. Pour la réussite d'un tel projet, il faut être rassembleur », a fait remarquer notre interlocuteur. Sur la problématique des divergences, M. Mériane préconise l'organisation de journées d'études constructives et non folkloriques, des rencontres-débats, la préparation d'assises concrètes. « Nous devons dépasser le cadre de corporatiste si l'on veut atteindre nos objectifs. Nous devons aussi mettre de côté nos ambitions qui sont au détriment de l'intérêt général », a expliqué notre interlocuteur. M. Nouar, du Cnapest, fait remarquer que la création d'une autre « centrale syndicale » capable d'imposer la logique de la négociation et d'agir pour le développement des entreprises économiques donnera un nouveau souffle et de l'espoir aux travailleurs et fonctionnaires algériens. Le Cnapest pense que la situation précaire des travailleurs algériens est la conséquence directe de l'absence d'une organisation syndicale démocratique qui les représente et qui défende leurs droits au sein de la tripartite. Confédérer les syndicats est la force des travailleurs Au nom des syndicats des maîtres-assistants, docents et professeurs de sciences médicales, le professeur Nacer Djidjeli révèle que la multiplicité des syndicats n'est finalement pas la meilleure formule pour la concrétisation des revendications des travailleurs. La force des syndicats réside dans l'unification de leurs rangs. Confédérer les syndicats est, d'après le Pr Djidjeli, une démarche importante et une option indispensable qui donnera du fil à retordre au pouvoir, qui a toujours joué la carte de la division. M. Djidjeli plaide pour une confédération avec un seul interlocuteur. « Nous devons concrétiser cet objectif car il est nécessaire d'avoir un pouvoir et un contre-pouvoir. Pour le bien du travailleur, il faut qu'il y ait en Algérie un équilibre entre les syndicats et le pouvoir. Ce dernier ne doit pas s'inscrire toujours dans la logique de museler les syndicats et ces derniers doivent être réalistes en matière de revendications », a-t-il souligné. Abondant dans le même sens, Idir Achour du CLA observe que la création d'une confédération des syndicats capable de renverser les rapports de force au sein de la société demeure une priorité. « Confédérer les syndicats est un travail de longue haleine. Nous pouvons atteindre ce but car cette revendication émane de la base respective des syndicats », soutient Idir Achour. Sur ses gardes, M. Sadali du Satef est convaincu qu'avant d'aller vers une confédération, il faut opérer une sorte de « toilettage », car le champ syndical est « miné ». M. Sadali pense qu'une confédération doit être, contrairement à l'UGTA, un instrument de lutte pour les travailleurs, doit avoir des mécanismes de fonction démocratique et travailler collégialement pour éviter le problème de leadership. Pour sa part, M. Merabet, porte-parole du syndicat des praticiens de santé, souligne que les syndicats des différents secteurs doivent mûrir cette réflexion et travailler dans ce sens, sans toutefois, arrêter une échéance.