Le roi du Maroc, Mohammed VI, devait entamer hier une tournée en Afrique qui doit le conduire au Sénégal, en Côte d'Ivoire, en Guinée-Bissau et au Gabon. C'est la troisième visite qu'effectue le souverain marocain dans ces pays en l'espace de trois ans. Officiellement, ce périple africain est placé sous le signe du «travail» et de «l'amitié». A Rabat, l'entourage du roi Mohammed VI ne cache néanmoins pas que l'objectif de cette sortie royale est avant tout de «renforcer l'influence économique et politique du Maroc sur le continent». Le souci du monarque marocain, soutiennent certains analystes occidentaux, paraît surtout de ne pas se laisser distancer par l'Algérie qui est, avec l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Nigeria, l'un des principaux architectes de la politique l'Union africaine, une organisation dont Rabat ne fait plus partie. Depuis son retrait en 1984, en signe de protestation contre l'adhésion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), le Maroc tente en effet de conserver son influence sur le continent africain en investissant le champ diplomatique et économique. «Les voyages du souverain chérifien s'inscriraient dans un plan de reconquête patiente de voix au sein de l'Union africaine », indique-t-on. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si au cours des cinq dernières années, plus de la moitié des investissements directs à l'étranger (IDE) du Maroc, soit environ 1,5 milliard d'euros, a concerné l'Afrique subsaharienne. Mais ce chiffre, rappelle-t-on, ne doit pas faire oublier un fait important. En dépit du fort potentiel de croissance de l'Afrique subsaharienne, les marchés tunisien, égyptien et… algérien demeurent les principales débouchées pour les exportations marocaines. Du moins pour le moment. Pour les hommes d'affaires marocains, l'Algérie est semble-t-il le marché africain le plus prometteur pour leurs produits et services. Au niveau maghrébin, c'est d'ailleurs avec l'Algérie que les entreprises marocaines commercent le plus. Cela malgré le caractère exécrable des relations politiques entre Alger et Rabat. Ce n'est pas tout. Malgré une implantation visible dans certains secteurs tels que la finance et les télécoms, la présence marocaine en Afrique demeure globalement faible. On ne peut pas réellement dire aussi que le roi Mohammed VI y a décroché le jackpot. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les échanges commerciaux entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne représentent à peine 7% des exportations du Maroc et 2,6% du commerce marocain. Bien que les échanges commerciaux du royaume avec l'Afrique aient augmenté ces dernières années de 20%, ceux-ci sont néanmoins limités par rapport à d'autres acteurs de poids sur le continent. Le Maroc exporte entre autres des produits alimentaires (37%), chimiques (20%), machines et matériels de transport (21%). En revanche, le pays importe des combustibles (51%), des minerais et métaux (14%) et des produits alimentaires (10%). Bien qu'étant donc le second investisseur interne du continent après l'Afrique du Sud, les IDE du Maroc en Afrique subsaharienne restent cependant modestes en comparaison des investissements que consentent d'autres pays (à peine 400 millions de dollars en 2009). A titre d'exemple, la Chine a mis, à elle seule, 44 milliards de dollars sur la table durant la même période.