L'entreprise de menuiserie aluminium et bois de Aïn Beïda (EMAB) vit, depuis plusieurs années, une situation dramatique du fait des charges et des dettes fiscales et parafiscales qui l'accablent. Créée en 1976, l'EMAB, anciennement société nationale du liège et du bois (SNLB), occupe une superficie totale de près de 14 ha. Construite par l'entreprise allemande BUM, la SNLB avait employé au départ 600 personnes entre ouvriers, techniciens et cadres administratifs, qui avaient pour la plupart bénéficié d'une formation à l'étranger. En phase opérationnelle, l'usine a réalisé pour le compte de nombreuses sociétés, notamment celles chargées de la construction, des portes, fenêtres et vasistas. Même des particuliers y ont eu recours pour la fabrication de tout ce qui relève de la menuiserie. Les vrais problèmes de l'entreprise ont commencé en 2001, et ce suite au dégraissement des effectifs, lié soit au départ volontaire des uns, soit à la retraite pour d'autres. Contrairement à la CABAM de Aïn M'lila, qui a pu « surfer » sur la crise économique d'alors, l'EMAB de Aïn Beïda n'a pu éluder certaines contraintes. Avec sa filialisation en entreprise nationale de menuiserie générale de production (ENMGP), elle a hérité d'un lourd découvert, ce qui a influé négativement sur son rendement et sa productivité. Aujourd'hui, elle emploie 90 personnes uniquement, dont plus de la moitié est affectée à la sécurité et à l'administration. Sa situation financière est telle qu'elle ne peut ni acheter la matière première, essentielle à sa survie, ni s'acquitter des dettes fiscales et parafiscales, comme nous a confié un ouvrier. Par ailleurs, le syndicat et le comité de participation de l'entreprise souhaitent un assainissement financier, ou du moins le report du paiement des dettes afin de permettre à celle-ci d'activer et d'honorer les marchés engagés avec les promoteurs et/ou entrepreneurs du bâtiment, condition sine qua non à une réelle relance de l'usine. En marge du 7e congrès de l'UGTA, tenu dernièrement à Oum El Bouaghi, le PDG (groupe bois) n'a pas éloigné la possibilité de sauver l'entreprise. Cela va-t-il se traduire par une aide financière conséquente, à même de sauvegarder l'outil de travail de l'entreprise ? Toutes les propositions seront étudiées localement et en haut lieu pour éviter la fermeture de l'usine, l'un des premiers fleurons de l'industrie naissante à Aïn Beïda. Pourvu qu'elle ne connaisse pas le même sort que l'Elatex, l'Ecotex, la SNAI et la SNTR, toutes quatre dissoutes au grand dam de plusieurs centaines de travailleurs.