Le Venezuela, à l'instar de nombreux pays producteurs de pétrole, traverse une période difficile sur le plan économique qui se traduit par un lourd endettement de son géant pétrolier, PDVSA. Le ministre de l'Energie et du Pétrole, Rafael Ramirez, a, certes, assuré vendredi dernier que la dette de cette entreprise, évaluée à 8,1 milliards de dollars en novembre dernier, « s'est atténuée », mais les séquelles de la baisse des prix du pétrole, qui avait fait chuter de 67% son bénéfice net au premier trimestre 2009, sont toujours palpables. Il a suffi que cette compagnie publique éternue pour que le pays s'enrhume. Il faut dire qu'elle finance les programmes sociaux du président socialiste du Venezuela, Hugo Chavez. Le Venezuela est le premier exportateur de brut en Amérique latine, avec une production moyenne de 3,06 millions de barils par jour (mbj) selon des chiffres officiels. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) estime cependant que le pays sud-américain ne produit que 2,3 mbj. Signe que l'instabilité économique s'installe, le président vénézuélien a annoncé il y a quelques jours une dévaluation du bolivar pour la première fois depuis 2005. La monnaie nationale aura désormais deux taux selon son usage. Elle s'échange à 2,60 contre le dollar pour les transactions jugées prioritaires par le gouvernement, et 4,30 pour les autres opérations. Le bolivar était jusqu'ici fixé au taux de 2,15 pour un dollar. Le gouvernement veut par ailleurs intervenir sur la marché monétaire des bons d'Etat, qui a dégradé le bolivar à environ un tiers de son cours officiel. L'impact de cette mesure sur le pouvoir d'achat des Vénézuéliens n'a pas tardé à se manifester. De nombreux commerçants ont profité de cette occasion pour augmenter les prix. Face à ces pratiques, le gouvernement n'a pas manqué de sévir. Il a fait fermer de façon temporaire 619 commerces accusés d'avoir augmenté leurs prix à des fins « spéculatives » à la suite d'une dévaluation de la monnaie locale. Un millier d'établissements ont été soumis à l'amende cette semaine. Les autorités de ce pays ont décidé que ces établissements resteront rideau baissé jusqu'à ce qu'ils rétablissent les prix antérieurs à la dévaluation. L'augmentation a atteint, dans certains cas, 80%. Craignant une grogne sociale qui naîtrait de cette situation, le président Hugo Chavez avait menacé d'exproprier les commerçants qui augmenteraient les prix de manière abusive après la dévaluation du bolivar qui pourrait provoquer une poussée inflationniste, selon les analystes.