Fort et riche de son pétrole, le Venezuela a célébré lundi sa fête nationale pour marquer le bicentenaire de son indépendance sous le sceau de la Révolution. Ce fut encore une fois l'occasion pour Hugo Chavez de réaffirmer la souveraineté qui, entre autres, s'est déjà traduite par la nationalisation de secteurs stratégiques tels que les hydrocarbures, l'électricité, la sidérurgie et les banques. La fête a été marquée par un grand défilé militaire teinté de rouge et placée sous le sceau de la «révolution» par le président socialiste Hugo Chavez. «Ici se trouvent les fils et filles de Bolivar 200 ans après (...) le 19 avril est née la Grande patrie qui est plus vivante que jamais», a clamé Chavez, vêtu d'un uniforme militaire de gala et d'un béret rouge, sur le «paseo de los Proceres» (l'avenue des grands hommes) de Caracas faisant allusion à Bolivar «El Libertador», une référence constante du président vénézuélien, qui a d'ailleurs entamé les festivités par le dépôt, au Panthéon national, d'une gerbe sur l'urne contenant les cendres de Bolivar, le libérateur du Venezuela du joug colonial espagnol en 1810. Parmi les invités, la présidente argentine Cristina Kirchner, de son homologue dominicain Leonel Fernandez et de ses alliés du bloc antilibéral de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba), à commencer par le président cubain Raul Castro. Quelque «12 000 combattants socialistes, anti-impérialistes et révolutionnaires» ont marché sous les yeux d'une foule très dense de rouge vêtue. La couleur de la révolution était aussi celle des uniformes de la milice nationale bolivarienne, groupes de civils rattachés aux forces armées et dépendant du président de la République. L'armée, qui a adopté le slogan «la patrie socialiste ou la mort», a aussi exhibé ses avions de combats chinois K-8 et ses chasseurs russes Sukhoi-30 flambant neufs, destinés à renforcer la défense du pays en cas d'invasion, selon M. Chavez. Il considère comme une menace l'accord autorisant depuis peu l'armée américaine à utiliser sept bases chez son voisin colombien. Washington assure qu'il s'agit simplement de lutter contre le trafic de drogue et accuse Caracas d'alimenter une course aux armements dans la région. «Nous sommes ici unis, civils et militaires. Le peuple et son armée garantissant l'indépendance du Venezuela,» a déclaré le chef de l'État. Cette célébration du bicentenaire de la fête nationale du Venezuela a été précédée par un important contrat en matière des hydrocarbures avec la Chine pour un investissement de l'ordre de quelque seize milliards de dollars. Le projet concerne le bassin de l'Orénoque, dans l'est du Venezuela, une région très riche en pétrole. L'accord a été signé en présence du président Hugo Chavez, entre le groupe pétrolier vénézuélien PDVSA et le géant pétrolier public chinois CNPC. Le début des discussions autour de ce contrat remonte à l'année dernière avec une production prévue de 400 000 barils de pétrole par jour. Une société mixte, dont PDVSA détiendra au moins 60%, doit être créée, et selon des sources gouvernementales vénézuéliennes, la compagnie chinoise s'acquittera d'un «ticket d'entrée» dont le montant n'a pas été divulgué. Selon le ministre vénézuélien du Pétrole, Rafael Ramirez, le Venezuela exporte chaque jour 460 000 barils vers la Chine, avec pour objectif à moyen terme de passer à un million de barils quotidiens. Les échanges entre les deux pays sont passés de 742 millions de dollars en 2003 à 10 milliards de dollars fin 2008, selon le gouvernement vénézuélien. Le Venezuela est devenu le cinquième plus grand partenaire commercial de la Chine en Amérique latine. La surface du bassin de l'Orénoque est de 55.314 kilomètres carrés. Elle recèlerait pas moins de 1 360 milliards de barils de pétrole liquide lourd et extra lourd, dont 17% économiquement exploitables (235 milliards de barils) soit au total près de 44 milliards de tonnes ou plus ou moins 20 % des réserves mondiales. Ceci ferait du Venezuela le pays possédant les plus grosses réserves mondiales de pétrole bien avant l'Arabie saoudite. La «ceinture» du fleuve Orénoque contient des réserves de pétrole légèrement supérieures à celles des sables bitumineux de l'Athabasca, au Canada. Elles sont à peu près équivalentes à l'ensemble des réserves mondiales de pétrole conventionnel actuellement connues.