Une large coalition laïque emmenée par un ancien Premier ministre irakien, le chiite Iyad Allaoui, a vu le jour, hier à Baghdad, et concourra aux élections législatives de mars. « Nous sommes un bloc politique national, composé d'Irakiens de toutes les communautés et à leur service, et nous les appelons à nous rejoindre », a affirmé une des têtes de liste, Rafaâ al-Issaoui, actuel vice-Premier ministre sunnite, lors d'une cérémonie organisée dans un grand hôtel de Baghdad. La coalition, appelée « Al-Iraqia » et composée d'une centaine de candidats, comprend d'importantes figures sunnites, dont le vice-président, Tarek al-Hachemi, et le chef du Front du dialogue national, Saleh al-Motlaq. Ce dernier a été exclu des listes électorales par la commission électorale pour ses liens présumés avec le parti Baâth de l'ancien président Saddam Hussein, mais il devrait faire appel de cette décision. « Aujourd'hui, nous avons un sentiment de victoire et de fierté car la plupart des autres coalitions politiques ont abandonné la voie de la nation, un chemin que nous avons pris depuis plusieurs années et qui nous a valu d'être marginalisés, exclus et persécutés », a, de son côté, affirmé M. Allaoui dans un communiqué publié par sa nouvelle alliance. Lors de son intervention devant plusieurs centaines de personnes, Rafaâ al-Issaoui a, lui, appelé à l'avènement d'une « ère de tolérance et de coexistence où la priorité sera donnée à l'intérêt national sur toute autre considération ». M. Hachémi a, pour sa part, indirectement attaqué le gouvernement de Nouri al-Maliki, l'accusant sans le nommer d'avoir « échoué à établir un Etat de citoyens remplaçant un Etat de communautés ». « Il existe des lacunes, des erreurs ont été commises et les gens ont le droit de réclamer une autre solution », a-t-il ajouté. Iyad Allaoui fut Premier ministre à la tête du gouvernement irakien intérimaire mis en place par l'armée américaine, de juin 2004 à mai 2005. Hormis cette coalition, trois autres se présenteront au scrutin du 7 mars : Nouri al-Maliki a présenté sa propre coalition, « l'Etat de droit » ; des partis chiites emmenés par le Conseil suprême islamique d'Irak (CSII) ont créé leur bloc, l'Alliance nationale irakienne (ANI), tout comme les partis kurdes. Prise de conscience Ce nouveau-né du paysage politique irakien est intervenu le jour même où l'armée irakienne a annoncé l'arrestation d'un chef d'Al Qaïda en Irak, accusé d'être responsable de l'attaque contre le quartier général de l'ONU à Baghdad qui a tué, en août 2003, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Sergio Vieira, de Mello. Le porte-parole du commandement militaire de Baghdad, Qassem Atta, a annoncé lors d'une conférence de presse l'arrestation du « terroriste Ali Hussein Alouane al-Azawi, appelé Abou Imad, le chef des gouverneurs de l'Etat islamique en Irak » lors d'une opération à Baghdad. « Il est responsable de l'explosion du quartier général des Nations unies à Baghdad », le 19 août 2003, qui a tué 22 employés, dont le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak, Sergio Vieira de Mello, a ajouté le porte-parole. Selon lui, l'homme fut pilote d'avion pour la compagnie aérienne irakienne avant la chute du régime de Saddam Hussein.