Le décret de nomination des lauréats à l'Académie algérienne des sciences et de la technologie sera publié la semaine prochaine. Les professeurs en médecine ne sont pas admis à cette Académie puisqu'ils relèvent de l'Académie de médecine, nous explique Abdelhafidh Aourag, directeur de la recherche au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le processus de mise en place de l'Académie de médecine sera introduit pour y aboutir l'année prochaine. La future académie des sciences comporte, ainsi, pour la majorité des physiciens, des chimistes, des mathématiciens, des biologistes, des ingénieurs, des biochimistes, des généticiens. Parmi les six lauréats de la communauté algérienne établie à l'étranger figure un académicien, chimiste, directeur de recherche au CNRS de Toulouse, qui a décroché l'année dernière un siège à l'Académie française des sciences et des technologies. Il s'agit de Azzedine Bousseksou, diplômé de l'USTHB. Des noms d'enseignants et de chercheurs à l'université de Bab Ezzouar figurent sur cette liste. Comme il y a aussi deux pasteuriens de l'Institut Pasteur d'Alger inscrits dans le domaine des sciences médicales. Un domaine qui ne concerne pas les médecins, selon M. Aourag. Marche arrière ou confusion ? Des médecins, des professeurs en médecine, toutes spécialités confondues, ont répondu à l'appel à candidature alors que d'autres ont décliné la demande et ont même dénoncé les conditions d'organisation et d'accessibilité à cette Académie. Le professeur Zidouni – chef de service de pneumologie à l'hôpital de Beni Messous, auteur de plusieurs publications dans des revues étrangères, titulaire de nombreuses distinctions – estime que l'appel à candidature, auquel il n'a pas répondu, n'est pas le procédé idoine pour constituer une Académie des sciences. «Ce n'est pas un concours d'agrégation. C'est une reconnaissance qui est presque de facto», a-t-il souligné. Quant à l'évaluation des candidats, le Pr Zidouni ajoute que la commission constituée de personnalités de diverses spécialités aurait pu être faite au niveau national et les membres du jury auraient eu la possibilité de discuter avec les candidats et d'organiser des entretiens avec des mono-appartenants, c'est-à-dire de la même filière ou de la même discipline. Pour lui, il est important de mettre en place une Académie de médecine où les candidats seront jugés par leurs pairs et permettre à une génération d'obtenir une répartition, car notre objectif est d'améliorer les domaines cognitif et éthique afin d'améliorer les niveaux de soins. «Comme nous avons aussi besoin d'une haute autorité de santé, indépendante de l'administration, composée d'experts des différents domaines pour l'élaboration d'une politique de santé et bien leur évaluation», a-t-il encore souligné, tout en félicitant les lauréats de la première Académie algérienne des sciences et des technologies. Pour Abdelhafidh Aourag, «la liste du noyau constituant cette Académie ne devrait pas comporter les médecins, car ce n'est pas l'Académie de médecine et nous le leur avons expliqué». A la question de savoir pourquoi leurs dossiers ont été acceptés, il signale : «Nous n'avons pas le droit d'interdire à quiconque de déposer sa candidature. C'est le jury international qui a rejeté les dossiers puisqu'ils ne font pas partie des catégories constituant l'Académie des sciences.» Et de souligner que tout a été organisé avec un maximum de rigueur et de transparence. M. Aourag estime qu'il n'y a pas mieux que d'être évalué par des académiciens, avec une objectivité scientifique, pour une meilleure crédibilité de cette académie. «Nous avons été félicités pour la manière avec laquelle nous avons organisé les choses ; les membres du jury ont reconnu les compétences de nos chercheurs algériens qu'ils considèrent de niveau mondial et qu'ils invitent à faire partie de leurs équipes dans les universités américaines». M. Aourag signale que seules des personnalités scientifiques aux compétences avérées et irréprochables au niveau international peuvent faire partie du jury. «C'est justement pour gagner en crédibilité», a-t-il insisté. Et de signaler que ce noyau se chargera de choisir ses futurs membres parmi les candidats intéressés, conformément aux textes régissant cette académie, à raison de 25 nouveaux chercheurs annuellement pour atteindre un total de 200 membres. A noter que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Hadjar, regrette que «beaucoup d'universitaires et de chercheurs algériens renommés n'aient pas présenté leur candidature. On ne peut pas choisir quelqu'un qui n'a pas postulé», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse animée conjointement avec les membres du jury international chargé de la sélection du noyau constitutif de la future Académie.