La constitution de la première Académie des sciences et des technologies d'Algérie (ASTA) a suscité le courroux au sein de la communauté scientifique et médicale algérienne. De nombreux professeurs en médecine – qui ont boudé cette grande autorité scientifique dont le noyau constitutif est composé de 46 membres algériens, dont 6 issus de la diaspora algérienne établie à l'étranger, sélectionnés sur un total de 400 dossiers de candidats universitaires et chercheurs représentant plusieurs spécialités – crient au scandale. «Cela fait plus de 50 ans que l'Algérie est indépendante mais nous continuons à accepter d'être encore sous le joug du colonisateur. C'est un vrai scandale que les futurs académiciens algériens soient évalués et sélectionnés par un jury étranger. N'avons-nous pas de personnalités algériennes compétentes et d'universitaires aux carrières exemplaires pour constituer un tel jury d'académiciens ?» s'insurge un professeur en médecine. Et de rappeler que l'Algérie compte parmi ses hommes et ses femmes des universitaires et pas des moindres, tout en rappelant le professeur Toumi, éminent cardiologue à la retraite, commandant de l'ALN, le professeur Abdelouahab, le professeur Brerhi et tant d'autres. La communauté médicale et scientifique rejette en bloc la mise en place, dans le fond et la forme, de cette Académie des sciences et des technologies. Le mode de sélection et d'évaluation est donc remis en cause puisque tout cela est laissé à la seule appréciation d'un jury étranger. L'Académie est une institution nationale indépendante, dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Ses attributions, l'organisation et le fonctionnement de ses organes sont fixés par son règlement intérieur, qui est adopté par l'assemblée plénière (les membres eux-mêmes) pour assurer l'indépendance de l'institution. «L'Académie comprend 200 membres. Le noyau fondateur est constitué de 50 membres choisis par un jury international sur la base de critères scientifiques universels. Les autres membres seront admis par leurs pairs, à raison de 25 par an, jusqu'à atteindre le nombre total de 200, et ce, pour préserver le haut niveau scientifique de l'institution», a-t-on mentionné dans le préambule portant processus de mise en place de l'Académie algérienne des sciences et des technologies. Les critères d'accessibilité et d'admissibilité sont également contestés par la communauté scientifique et consacrent, selon elle, plutôt l'exclusion claire et nette de nombreux chercheurs universitaires algériens qui ont tout donné pour leur pays pendant de longues années. Les conditions fixées offrent plutôt la chance à ceux qui ont eu la possibilité de publier à l'étranger et dans des revues internationales (Spinger, Elsevier, Dunod, Hachette, etc.). «Le terme ‘édité en Algérie' renvoie à un livre commercialisé par une maison d'édition nationale (SNED, OPU…). A noter que les polycopiés édités par l'OPU ou toute autre maison d'édition ne seront pas pris en compte (chaque livre vaut 6 points). Le terme ‘édité à l'étranger' renvoie à un livre commercialisé par une maison d'édition de notoriété internationale reconnue telle que Springer, Elsevier, Dunod, Hachette, etc. (chaque livre vaut 10 points).» Pis encore, la participation à l'effort national de recherche est notée aussi de manière à exclure des candidats puisque seulement 4 à 6 points sont attribués à un candidat s'il a été chef de projet en Algérie alors qu'il aura 8 points s'il a eu la même responsabilité à l'international. Comme l'on déplore également que les candidats soient tous mis sur le même pied d'égalité, qu'ils soient ingénieur, professeur en médecine ou chercheur à l'université. A noter que les postulants doivent justifier les titres de professeur de l'enseignement supérieur ou directeur de recherche en activité ou à la retraite ; technologue possédant au moins le diplôme d'ingénieur d'Etat, âgé au minimum de 40 ans, en activité ou en retraite. Comme ils doivent répondre à des critères portant activités scientifiques, notamment production scientifique, participation à l'effort national, participation à la formation par et pour la recherche, responsabilités scientifiques et pédagogiques, distinctions honorifiques. Le jury international composé d'académiciens issus de l'Académie des sciences et celle des technologies de France, l'Académie des sciences des Etats-Unis, l'Académie royale de Grande-Bretagne et l'Académie royale de Suède. La future ASTA englobera donc neuf spécialités, à savoir les mathématiques, la physique, la chimie, l'informatique, les sciences de la terre et de l'univers, les sciences de la vie et de la nature, les sciences médicales et les sciences de l'ingénieur.