Le concours Miss Algérie a suscité la controverse cette année. Après la sélection de Khadija Benhamou, originaire de la wilaya d'Adrar dans le Sud-Ouest algérien comme Miss 2019, surclassant 16 concurrentes, l'événement est devenu l'un des principaux sujets de discussion sur les réseaux sociaux, notamment sur le plus célèbre, Facebook. Juste après la diffusion de ses photos sur ces supports à fort impact, elles ont provoqué des réactions choquantes critiquant ce choix : plusieurs Algériens ont exprimé leur surprise, parfois avec des propos dénigrants, vexatoires ou carrément injurieux. Ils ont estimé que le choix n'était pas judicieux et que la lauréate ne méritait pas la couronne. Certaines pages Facebook et internautes ont dépassé toutes les limites de la bienséance pour caricaturer négativement cette élégante jeune femme pour la simple et cruelle raison qu'elle est noire ! «Le problème, ce n'est pas qu'elle ne soit pas belle ou qu'elle ne correspond à vos goûts subjectifs. Le problème, c'est que vous assimilez la beauté à la couleur de la peau. Lire des commentaires du style ”elle n'est pas belle, elle est noire…”, C'est affligeant quand même», commente une internaute. Une autre habituée des réseaux sociaux ajoute : «Pensons un instant à ses sentiments alors qu'elle entend dire qu'elle n'est pas belle, des mots blessants qui pourraient avoir un impact négatif durant toute sa vie.» Et d'illustrer ses propos par une allégorie : «Il y a peut-être dans la rivière ce qui n'est pas dans la mer. Non au racisme. Nous sommes tous les citoyens d'une même patrie et il n'y a pas de différence entre Noirs et Blancs.» Si ce titre de Miss fait souvent rêver les jeunes femmes, il exaspère aussi une partie de l'opinion publique qui considère que ce genre de concours cultive l'idée de la femme objet. Un concours qui repose sur des critères de beauté réducteurs et ridicules. Il serait plus judicieux de valoriser les talents plutôt que des stéréotypes physiques irréels. «Adrar est authentiquement algérienne et profondément africaine. Et pourtant, une de ses filles, Khadija, ne mériterait pas d'être l'ambassadrice de la beauté du pays. C'est en tout cas ce qui a été décrété par des esprits qui n'ont pas eu la pudeur de retenir leurs miasmes racistes. Ils les ont libérés sans aucune retenue sur les réseaux sociaux (et certainement dans les discussions privées) sur lesquels ils continuent de fleurir», commente TSA. Invitée à s'exprimer sur cette polémique, la jeune fille, qui dit vouloir se «porter volontaire pour des projets caritatifs», ne semble pas trop touchée par la critique, ni perturbée par ces opinions préconçues. «A ceux qui me critiquent, je leur dit que Dieu vous ramène sur le droit chemin. Je remercie en revanche ceux qui m'ont encouragée», explique-t-elle lors de son passage sur le plateau de la chaîne privée El Djazairia One. Cette réaction est-elle une tendance lourde ou juste un simple épiphénomène ? Pour les sociologues, c'est symptomatique d'une société repliée sur elle-même, fortement tentée par le rejet des autres et confrontée à une crise globale, notamment à une crise des valeurs.