Le président Barack Obama boucle aujourd'hui, 20 janvier, sa première année aux commandes de la première puissance mondiale. Il y a un an, des centaines de milliers d'admirateurs massés devant le Capitole Hill et des millions de personnes à travers le monde, les yeux rivés sur le petit écran, buvaient sans modération les belles paroles de ce Martin Luther King des temps modernes. Un homme noir à la Maison-Blanche, enfin ! Mais au-delà, un président des Etats-Unis tellement sympathique qu'il a réussi à mettre tout le monde à ses pieds. L'espoir d'un monde meilleur, même sous la bannière étoilée des States, renaît subitement. Le rêve d'une nouvelle Amérique plus juste et plus humaine prenait forme. L'osmose était presque totale entre le président Obama et les citoyens du monde entier tant son style et son discours tranchent radicalement avec ceux du cow-boy George Bush, prêt à dégainer au moindre froufrou. On croyait sincèrement que le changement était enfin arrivé à Washington, comme il l'a lui-même dit au soir de son triomphe à Chicago. Mais une année après, il convient de relever que le bilan est bien maigre malgré des formules discursives moins arrogantes et des intentions plutôt rassurantes par rapport à son prédécesseur. La fermeture de Guantanamo, la pacification de l'Irak, la relance du processus de paix avec, au bout, la création d'un Etat palestinien constituent les grands ratés d'une Administration qui a manifestement surestimé son pouvoir. Le poids de l'establishment Barack Obama a dû se rendre à l'évidence qu'être le chef de la Maison-Blanche ne lui donne pas ipso facto le pouvoir de s'imposer comme le maître à Washington. La chaîne de commandement aux Etats-Unis est tellement compliquée et complexe que la décision – de politique étrangère surtout – échappe presque totalement au locataire du bureau ovale. Entre la volonté sincère d'un président de bien faire et les intérêts des puissants lobbies, notamment le Complexe militaro-industriel, c'est souvent le choc frontal. Les errements diplomatiques et les dérives guerrières des Administrations successives ont été souvent l'expression de ces contradictions internes à l'establishment US. Un establishment tiraillé entre la volonté d'assumer le statut théorique de parangon de la vertu aux yeux du monde et la défense des intérêts matériels des forces centrifuges qui gravitent autour de la Maison- Blanche et du Sénat, et grâce auxquelles Obama et ses devanciers obtiennent les clés du bureau ovale. On a vu d'ailleurs comment Barack Obama s'est dégonflé face à l'entêtement d'Israël à ne pas stopper la colonisation en Cisjordanie. Son discours aux accents comminatoires du Caire, où il décréta « illégitime » la poursuite de la colonisation, s'est vite transformé en poème d'amour envers Israël. C'est qu'Obama a compris, après la levée de boucliers aux USA et la réponse sèche du cabinet de Netanyahu, qu'il ne doit rien refuser ni imposer à Israël dont la protection à toute épreuve fait partie des fondamentaux de la politique étrangère américaine. Ce fut un réveil brutal pour le président Obama qui a appris, depuis, à faire avec ce postulat dogmatique un étendard de sa diplomatie. La leçon étant bien apprise, Obama a été récompensé – au crépuscule d'une année presque sabbatique – par un prix Nobel de la paix pour avoir abandonné… le processus de paix. Pis encore, il a donné le feu vert à ses généraux d'envoyer plus de troupes en Afghanistan, quelques jours après avoir reçu le précieux diplôme de l'académie Nobel. Moralité : aux Etats-Unis, quand on montre patte blanche, on peut recevoir tous les honneurs d'un homme de paix même quand on est président de la guerre. Au final, le changement avec Obama n'était qu'un rêve. Un vrai rêve américain, celui-là !