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À Washington un jour de gloire
Mardi 20 janvier, Barack Obama devient le 44e président des Etats-Unis
Publié dans El Watan le 29 - 01 - 2009

Washington DC., mardi 20 janvier, 4h. Un froid glacial sévit, faisant chuter le thermomètre à moins quinze degrés. Pour ne rien arranger à ce climat sibérien, il souffle sur la ville un vent léger, sec et si cinglant qu'il vous tord les mâchoires. Le froid mordant, James Murphy n'en a cure. Ce grand gaillard de 34 ans, Noir originaire de Chicago, n'a pas fermé l'œil de la nuit.
Washington (USA) De notre envoyé spécial
Devant la tente qu'il a installée à quelques encablures de Franklin Square pour vendre des souvenirs à l'effigie de Barack Obama, James a du mal à contenir son excitation. « Aujourd'hui est un grand jour pour l'Amérique, s'excite-t-il. Pour la première fois de l'histoire de notre pays, un Noir sera proclamé président des Etats-Unis d'Amérique. Tu te rends compte, man ? Un Noir à la Maison-Blanche, qui l'eut cru ? Martin Luther King doit être fier dans sa tombe. Ce soir, le King va pouvoir enfin dormir du sommeil du juste. » Sur l'étal abondamment fourni de James, des dizaines d'articles, bibelots, chaussettes, pulls, tee-shirts, mugs, posters, cartes postales, calendriers, porte-clés et autres pin's, autant de babioles à la gloire du nouveau président. La veille, notre bonhomme en a vendu une centaine. Aujourd'hui, il compte en écouler le double. « Les gens dépensent sans compter. Tous veulent garder un souvenir de ce grand jour. » Mardi 20 janvier 2008, jour de gloire en Amérique.
Assister à un événement historique, être là où l'histoire s'écrit et en garder un souvenir pour le restant de la vie, c'est ce que sont venus chercher ces quelque 3 millions de personnes qui ont déboulé sur Washington DC. Une marée humaine, des hordes joyeuses, colorées et bigarrées de noir et de blanc, tous sont venus en pèlerins assister à l'investiture du 44e président des Etats-Unis, Barack Hussein Obama. Dès la veille du big-day, les rues et les artères de la capitale fédérale, d'ordinaire peuplée de 600 000 habitants, sont noires de monde. Bien sûr, il est inutile de chercher une chambre pour se loger : tous les hôtels affichent complet. Les plus futés avaient réservé des semaines, voire des mois à l'avance. Certes, quelques places sont encore disponibles, mais elles coûtent la peau des fesses. Pour avoir le privilège de trouver un lit pour dormir, il faut payer entre 5000 et 6000 dollars la nuitée. Mais on ne dort pas à Washington la veille de l'investiture de Barack Obama, ou vraiment si peu…
Washington est presque en état de siège. On ne badine pas avec la sécurité du président des Etats-Unis, surtout pas celle de Barack Obama qui a déjà reçu de nombreuses menaces de mort de la part de groupuscules extrémistes et racistes. Plus de 12 500 militaires, ainsi que des milliers de policiers ont été mobilisés pour la protection de tous les bâtiments et les édifices autour d'un périmètre de 3 km2. Tous les accès menant vers la Maison-Blanche, le Capitole, le Mall Monument, là où se déroulera la cérémonie puis la grande parade traditionnelle, ont été fermés à la circulation à partir de lundi 19 janvier, 20h pétantes. Des kilomètres de blocs en béton ont été dressés sur le bitume pour interdire le passage aux automobiles. Des hélicoptères de l'armée survolent à intervalles réguliers le ciel tandis que des tireurs d'élite et des agents du « secret service » ont pris place sur et autour des grands édifices pour parer à toute attaque individuelle, collective, chimique ou nucléaire.
Des milliers de membres de la garde nationale ont été mobilisés pour fouiller les foules qui accéderont à la grande esplanade du Mall pour assister à la prestation de serment puis au discours du Président. Bref, Washington s'est bunkérisée… Pourtant, lorsqu'on arpente ses rues et ses grandes avenues, de jour comme de nuit, on est saisi par l'évidence : il n'y a pas une ombre de nervosité, pas le moindre signe de stress, pas une once de tension aussi bien dans l'attitude des flics et des militaires que chez ces centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. En revanche, on est frappé par cette joie, cette excitation, cette fierté qui se lisent sur leurs visages ou se dégagent de leurs propos. Tous avouent le sentiment d'assister à un événement inoubliable. « Ce jour d'investiture est une fête, une célébration, un mariage entre Blancs et Noirs », s'exclame Marie-Roger. Femme d'affaires, la cinquantaine, Marie-Roger, d'origine ivoirienne, est venue spécialement de France pour être au rendez-vous.
Elle a réservé sa chambre au lendemain de l'élection d'Obama, le 4 novembre 2008, et prévenu ses amis américains qu'elle sera à Washington pour célébrer l'événement avec eux. « L'élection d'Obama est une justice rendue à ces millions de Noirs qui ont connu le déracinement, l'esclavage puis la ségrégation, dit-elle avec grandiloquence. Cet homme va effacer le péché de l'Amérique pour enfin réconcilier Blancs et Noirs. » Amen Daisy, femme de ménage dans un grand hôtel situé non loin de Pennsylvania Avenue, Camerounaise d'origine, n'en pense pas moins. Vingt ans plus tôt, elle a quitté Yaoundé pour venir s'installer aux Etats-Unis. Après avoir connu de multiples galères, dormi sous les ponts et multiplié les petits boulots pendant plusieurs années, elle a enfin obtenu sa Green Card avant de se faire naturaliser citoyenne américaine. Daisy a pris un congé exceptionnel pour venir avec ses trois enfants assister à la cérémonie d'investiture.
Pour cette femme dont les parents vivent encore au Cameroun, ce mardi 20 janvier est un jour béni. Lorsqu'elle en parle, elle a du mal à dissimuler ses larmes. « Nos ancêtres ont été arrachés à leur famille, à leur patrie, à leurs racines pour être embarqués vers l'Amérique à bord de bateaux négriers. Sur le sol de cette terre baptisée ‘‘Promised Land'', ils étaient des sous-hommes, des bêtes humaines, moins bien traitées que le bétail. Ils étaient des niggers, des esclaves au service du bien-être de la race blanche. Aujourd'hui, toutes nos humiliations sont effacées d'un trait avec l'élection d'Obama. Que Dieu bénisse la mère qui l'a porté dans son ventre pendant neuf mois. Je ne sais pas ce que ce Président fera de son mandat, mais je sais une chose : il va changer le visage de l'Amérique. » Changer le visage de l'Amérique, voilà ce qu'attendent de lui ceux et celles qui sont venus l'acclamer à Washington.
Sur l'esplanade du Mall, ils sont deux millions à attendre, transis de froid mais joyeux, l'apparition de l'homme providentiel. Ici, en face du Capitole, siège du Parlement américain, face au Lincoln Mémorial, un autre Noir avait marqué l'histoire. C'est ici que le 28 août 1963, soit deux ans et vingt-quatre jours après la naissance de Barack Obama, le pasteur Martin Luther King avait prononcé devant une foule de 250 000 personnes son fameux discours sur l'égalité des races, ponctué de son désormais célèbre « I have a dream ». Quarante-six ans plus tard, le rêve de Martin Luther King se réalise lorsque Barack Obama, entouré de sa femme Michelle et de ses deux filles Sasha et Malia, se plante à midi pile devant le juge en chef de la Cour suprême, John Roberts. « Etes-vous prêt à prêter serment sénateur ? », lui demande celui-ci. « Oui », répond Obama. La foule applaudit, exulte, crie, siffle.
L'émotion est telle que le juge inverse le mot « fidèlement » et déstabilise Obama qui marque un petit temps d'arrêt, sourit avant de poursuivre sa prestation. (Pour respecter à la lettre la Constitution américaine, le nouveau Président prêtera serment une seconde fois le lendemain). Midi, passé de trois minutes. Barack Obama, 46 ans, est devenu le 44e président des Etats-Unis d'Amérique. Vingt et un coups de canons saluent son arrivée au pouvoir. Des milliards de personnes dans le monde assistent au sacre de cet homme sur lequel les Américains fondent beaucoup d'espoirs, peut-être un peu trop même. Après avoir paradé à pied ou dans la limousine présidentielle ultra-sophistiquée sur Pennsylvanie Avenue, le couple présidentiel s'est rendu dans les traditionnels bals – 10 en tout – de soirée d'investiture organisés dans les hôtels chics de Washington.
Après une nuit courte, il gagne son étage privé dans une aile de la Maison-Blanche.Mercredi 21 janvier, 8h35, Barack Obama prend possession de l'Oval Office. Sur son bureau, une lettre l'attend, glissée dans une enveloppe beige portant la motion « From # 43 to #44 ». Le testament secret de son prédécesseur George W. Bush. Sa première décision ? La fermeture du camp de Guantanamo Bay, symbole des dérives de W. S. O. A.


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