L'activiste et militant politique Kameleddine Fekhar estime que son arrestation et sa détention ont eu lieu «suite à une décision politique». «Je l'ai vu jeudi dernier. Il m'a dit qu'il contestait la façon dont il a été arrêté et les charges retenues contre lui. Kameleddine Fekhar affirme que son arrestation est une décision politique et on a demandé, par la suite, à la justice de lui trouver une couverture légale», affirme maître Salah Dabouz, membre du collectif de défense de Kameleddine Fakhar et des 24 personnes arrêtées avec lui en juillet dernier. Le détenu, accusé de faits très graves, «estime qu'il tient toujours à sa liberté et à son droit à exprimer ses opinions. Pour lui, la Constitution qui consacre les libertés individuelles et collectives, dont l'expression libre des opinions, n'est pas respectée», indique l'avocat, en annonçant que Kameleddine Fekhar a suspendu sa grève de la faim qui l'a gravement affaibli. Le collectif d'avocats — maîtres Dabouz, Ahmine Noureddine, Chalabi, Bamoun, Boughali et Rahmouni — ont conseillé, indique notre interlocuteur, à Kameleddine Fekhar et à son ami Kacem Soufghanem de suspendre leur grève de la faim. «Le premier l'a fait, mais le deuxième maintient toujours son action», dit-il. Selon Salah Dabouz, l'arrestation de ces 25 personnes — que l'on peut appeler le «groupe Fekhar» — «est illégale». «Pour arrêter des personnes, il faut des raisons. Il faut qu'elles soient prises en flagrant délit ou qu'elles fassent l'objet d'un mandat d'arrêt ou d'amener. Ces conditions n'étaient pas réunies pour les 25 personnes et pour l'ex-maire de Berriane, Nacer Eddine Hadjadj», précise l'avocat. Il rappelle que le «groupe Fekhar» a été arrêté alors qu'il faisait la prière dans une mosquée. «Fekhar et Kacem, à mon avis, ont été arrêtés pour leur activisme, alors que les 23 autres ont été mis en détention parce qu'ils faisaient la prière au même endroit que les deux premiers», soutient-il. «Des militants politiques ciblés» Pour l'avocat, le point commun de ces arrestations est le fait que la plupart des personnes arrêtées sont des activistes, des militants ou d'anciens militants de partis démocrates. «Ce sont des militants politiques qui ont été ciblés, parce qu'ils ont osé critiquer la gestion chaotique de la crise de Ghardaïa par les autorités», dit Me Dabouz. Mais, ajoute-t-il, ces arrestations ne mettront pas fin à ce conflit. «Nous craignons le pire à l'avenir. En arrêtant les militants politiques, les pouvoirs publics ouvrent la voie à un risque de violence qui pourrait être encore plus dévastatrice», soutient-il. Par ailleurs, la police a arrêté, jeudi dernier, deux personnes «en possession d'armes à feu artisanales» et saisi des armes blanches et cinq fusils artisanaux. «Les forces de police relevant de la sûreté de la wilaya de Ghardaïa ont mené mercredi des perquisitions (…) et saisi des équipements utilisés dans les actes de violence récemment enregistrés dans la wilaya, suite à un mandat de perquisition du procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa», explique la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), dans un communiqué. Ces opérations «interviennent suite à la bonne exploitation des informations reçues sur les personnes suspectées d'être impliquées dans les actes de violence et de vandalisme et les agressions dans la wilaya de Ghardaïa. Les forces de police poursuivent leurs missions pour assurer la protection des citoyens et de leurs biens», indique la même source.