Dans une conférence de presse tenue hier à Alger, Me Salah Dabouz, nouveau président élu de la Laddh, a fait savoir que l'ex-maire de Berriane, Nacer-Eddine Hadjadj, a été présenté devant le parquet de Ghardaïa dans la même matinée. "Je l'ai eu samedi soir au téléphone et il m'a dit que la police voulait lui faire signer un PV où sont transcrits des propos qu'il n'a pas tenus. Je ne connais pas encore les véritables motifs qui lui sont reprochés", a-t-il indiqué. Pour rappel, l'alerte sur l'arrestation par la police de celui qui est notamment membre exécutif au Rassemblement pour la culture et la démocratie a été donnée samedi par Atmane Mazouz, secrétaire national chargé de la communication du RCD. "Notre ami Nacer-Eddine Hadjadj, secrétaire national du RCD, vient de faire l'objet d'une énième arrestation abusive de la part des services de sécurité à Ghardaïa. D'après les premières informations recueillies auprès des militants et d'un avocat, cette cabale est menée contre toute personne ayant accusé le pouvoir de jouer au pourrissement de la situation dans cette région", avait-il indiqué. Dans son intervention hier, Me Salah Dabouz, qui est issu de la région de Berriane, à 40 km au nord du chef-lieu de wilaya de Ghardaïa, a évoqué l'existence d'une liste d'arrestations politiques au niveau de la police. "Ils sont en train de faire le plein. Tous ceux qui ont critiqué la démarche du pouvoir ou des services de sécurité sont en train de se faire arrêter. Il y a une liste politique au niveau de la police. Nacer-Eddine Hadjadj est un acteur politique et le pouvoir a décidé de cibler tous ceux qui participent à la prise de conscience des citoyens sur les véritables raisons du conflit à Ghardaïa", a-t-il soutenu. "Fekhar a été violenté" Me Salah Dabouz est également membre du collectif d'avocats de Kamel-Eddine Fekhar et de sa vingtaine de compagnons actuellement en détention à la prison d'El-Ménéa. Il a affirmé, hier, que son mandant a été violenté lors de sa garde à vue à la sûreté de wilaya de Ghardaïa. "Kamel-Eddine Fekhar a été placé à genoux face à un mur et un agent de la police scientifique lui a donné plusieurs gifles d'abord sur la nuque, puis sur le visage. Il a souhaité porter plainte, mais sa requête n'a pas été réceptionnée", a-t-il révélé, affirmant que son client est en grève de la faim depuis 13 jours. Me Salah Dabouz a fait savoir qu'il a officiellement saisi une ONG internationale, dont il n'a pas voulu citer le nom pour l'instant. "Cette ONG a transmis des rapports à tous les niveaux et des institutions internationales sont prêtes à se pencher sur le cas de Kamel-Eddine Fekhar", a-t-il averti. Me Salah Dabouz a rappelé que Kamel-Eddine Fekhar et une vingtaine de ses compagnons ont été arrêtés jeudi 9 juillet, vers 22h30, à l'intérieur de la salle de prière d'une association culturelle située derrière la place du marché mythique de Ghardaïa. Une arrestation qui a coïncidé avec la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la région. "Il y a eu un carnage de 19 morts à Guerrara, à 120 km de Ghardaïa, et c'est Kamel-Eddine Fekhar que la police a arrêté au centre-ville du chef-lieu de wilaya. Parmi les 19 victimes, il y a 14 morts mozabites. Kamel-Eddine Fekhar ne pouvait tout de même pas assassiner les siens", a-t-il relevé. S'agissant enfin des rapprochements de Kamel-Eddine Fekhar avec le MAK, Me Salah Dabouz a expliqué que le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie compte beaucoup d'amis, dont son client. "Suivant cette logique, la police devrait arrêter beaucoup de gens...", a-t-il ironisé. M. M.