Le groupe Djmawi Africa s'est démarqué depuis le début par un son puisé dans la tradition musicale africaine. Avant la sortie de leur DVD sur la tournée Mama, Abdou El Ksouri revient sur le gnawi et son influence. Le gnawi, ce n'est pas un peu « trop » à la mode ? Par définition, la mode est quelque chose d'éphémère. Or, cette musique existe depuis des siècles. Le gnawi était juste underground et connu de quelques initiés. N'oublions pas que c'est une musique qui est liée à des rites et coutumes, elle est une partie du patrimoine africain. Parler de mode voudrait dire que l'andalou ou le chaâbi sont passés de mode ! Le gnawi est une musique qui se joue principalement en live : elle parle aux corps et aux âmes. La musique gnawa n'est pas un style vestimentaire, elle saura trouver sa place quelle que soit l'époque. Les groupes de musique peuvent se démoder (chacun son temps), mais la musique est en évolution constante et s'adapte à toutes les époques et donc des modes. Les héritiers de cette tradition ancestrale voient-ils d'un bon œil la fusion ? Ce n'est pas parce que nous avons un goumbri et des karkabous que nous faisons du gnawi. Nous nous inspirons de cette musique qu'on essaie d'interpréter ou d'utiliser afin de défendre notre style. Quand nous rencontrons « ahl diwan », on tente de comprendre les techniques d'interprétation et de jeu. Car pour ses héritiers, le gnawi est inné, c'est ce qui rend cela magique et différent à chaque fois. Comment votre musique est perçue à l'étranger ? Ce qui est difficile à l'étranger, c'est de jouer une musique avec des textes que les gens ne comprennent pas. Il faut donc parler aux gens à travers nos instruments. Vu les influences de Djmawi Africa, nous arrivons justement à faire passer le message. Il faut juste jouer avec le cœur, c'est ce qui fait que la musique est un langage universel.