A l'occasion des dix ans de la loi 00-2003 ouvrant le marché des communications téléphoniques aux opérateurs privés, le directeur du mensuel IT Mag fait le point sur le marché. Qu'a changé la loi 00-2003 promulguée en 2000 ? Avant cette loi, le secteur obéissait à une ordonnance qui datait, tenez-vous bien, de 1975 ! Où il était stipulé que le domaine des télécommunications était exclusivement géré par un ministère (l'ancienne PTT), vitrine du monopole de l'Etat. La loi a surtout créé une autorité de régulation, l'ARPT, dont le travail est de gérer et de contrôler les opérateurs, et de satisfaire au mieux les consommateurs. Même s'il y a parfois quelques couacs… Il fut, à un moment, question d'introduire une licence pour un quatrième opérateur de téléphonie mobile. Ce projet verra-t-il le jour ? Toutes les études disent qu'il faut aller vers une quatrième licence. Le gouvernement avait décidé, il y a fort longtemps, d'opter pour trois opérateurs pour le fixe et trois autres pour le mobile, mais je pense que la quatrième licence est nécessaire, ne serait-ce que pour raviver la concurrence. Bref, dix ans après la loi, un bilan ? Il existe aujourd'hui trois opérateurs de téléphonie mobile qui comptabilisent, selon l'ARPT, 28 millions d'abonnés. Algérie Télécom s'occupe de la téléphonie fixe et compte environ 3 millions d'abonnés, tandis que pour la distribution du courrier, il existe une quinzaine de sociétés dont des multinationales (UPS, Fedex…). Il ne faut pas oublier qu'il y a dix ans, il n'y avait que 15 000 lignes pour la téléphonie mobile. Je ne dis pas par-là que tout est parfait et qu'il n'y a pas d'incohérences, mais le fait est que peu de gens avaient misé sur un tel succès il y a dix ans. Djezzy subit une crise en ce moment, aurait-elle pu l'éviter ? Djezzy aurait eu une sortie de crise si Sawiris avait ouvert ne serait-ce que 20% de son capital à la Bourse d'Alger. L'entreprise aurait eu des actionnaires algériens et donc du soutien car devenant une entreprise algérienne, elle aurait eu les moyens de rembourser sa dette. Que retiendrez-vous de cette décennie ? Les années 2000 ont été de très belles années, car on pensait que tout était possible grâce à l'ouverture du marché. L'explosion des télécoms a entraîné un boom du secteur des services, celui de la création aussi. Des agences de pub et de communication ont vu le jour. Mais la crise financière mondiale a mis fin à cette dynamique.