Dans une déclaration rendue publique hier, la coordination des archs, daïras et communes de Tizi Ouzou (CADC) répond avec virulence au parti d'Aït Ahmed et à tous ceux qui critiquent sa démarche. La réaction des délégués des archs intervient après les déclarations des responsables du FFS sur la question du départ des « indus élus » de Kabylie, que le RND a mis en pratique en retirant ses 17 élus. Pour la CADC, le rejet par la population locale des élections de 2002 et de la présidentielle de 2004 « a permis de dévoiler au grand jour les visées opportunistes et matérielles de ceux qui se disaient démocrates et qui ont dupé la population en l'utilisant comme marche-pied ». Ce qui aux yeux des rédacteurs de la déclaration prouve la disqualification des partis politiques, notamment le FFS « qui, de tout temps a contesté la légitimité du pouvoir, accepte toute honte bue de siéger dans des APC et des APW qu'il a spoliées avec de minables scores ». La CADC revient sur la participation du parti d'Aït Ahmed aux élections locales d'octobre 2002, affirmant qu'elle (la participation) a été négociée en contrepartie de six conditions (levée de l'état d'urgence, la réapparition du journal Libre Algérie, l'ouverture du champ médiatique...), qui n'ont pas été satisfaites trois années plus tard. La CADC se demande si c'est cela la démocratie, tout en estimant que la signature de l'accord global sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur, entre le chef du gouvernement et la délégation conduite par Abrika, a mis à nu les « véritables fossoyeurs de la démocratie ». Pour les délégués des archs, qui ont repris les négociations hier avec les représentants de l'Etat, en abordant le dernier chapitre relatif aux revendications démocratiques, les victoires et les acquis du mouvement sont ressentis par les partis comme des défaites. Par ailleurs, les délégués des archs de la wilaya de Tizi Ouzou qui se sont opposés au dialogue se réuniront vendredi prochain à Boghni dans un conclave dit de « réunification », mais sans le groupe d'Abrika. D'un autre côté, les yeux restent encore braqués sur le sort que va réserver le FLN à ses élus en Kabylie, après le retrait de ceux du parti du chef du gouvernement. Le secrétaire général du RND, en donnant instruction à ses élus de se retirer, sans attendre une action concertée avec son allié de la coalition, le FLN, a placé ce dernier dans une situation inconfortable. Si le parti de Belkhadem maintenait ses élus en Kabylie, qui sont plus d'une centaine dans la wilaya de Tizi Ouzou, il se mettrait dans la position de celui qui bloque la satisfaction des revendications des archs et, par ricochet, le règlement de la crise en Kabylie. Selon des observateurs et des sources proches des élus du parti à Tizi Ouzou, qui contrôle 7 assemblées locales, une décision de retrait pourrait ne pas être suivie par tout le monde. De nombreux élus FLN ont, semble-t-il, fait comprendre à leur direction qu'ils s'opposeraient à une telle décision. Certains, qui ont eu à vivre des situations difficiles depuis 2002, ne sont pas près de quitter des sièges qu'ils ont défendus parfois au péril de leur vie. Menacés, insultés, mis en quarantaine, parfois même agressés physiquement, certains ne sont pas prêts à partir « aussi facilement ». C'est ce qui expliquerait les réticences du parti à suivre la démarche d'Ahmed Ouyahia.