L'instruction toujours en cours au tribunal de Theniet El Had (Tissemsilt), qui relève de la cour de Tiaret dans l'affaire dite de l'APC du chef-lieu de wilaya de Tiaret, fait l'événement dans la capitale des Hauts-Plateaux de l'Ouest. La mise sous mandat de dépôt de six élus, dont le maire suspendu, Omar Bekki d'obédience RND, et le contrôle judiciaire pour les 17 membres restants, dont l'actuel intérimaire, sont différemment interprétés par la vox populi et les représentants de parti ou du mouvement associatif local. Certains y voient « une volonté de l'Etat de combattre la corruption qui a gangrené presque toutes les institutions ». D'autres disent voir là une énième démonstration de l'ampleur prise par le phénomène de la corruption dans le pays. Il y a également ceux qui se disent « préoccupés par le devenir de la ville concernée par de nombreux programmes de développement ». Le président des comités de quartier de la ville, Hachemi Benaïchouche, dit nourrir « des craintes de voir les élus se détacher de la gestion », ce qui pèsera lourdement sur l'avancement des projets en cours dans la municipalité. Voir les 23 membres de l'assemblée concernés, directement ou indirectement, par l'affaire est perçu comme « un paradoxe qui ôte tout caractère populaire à l'assemblée ». Le secrétaire général du bureau de wilaya du RND, parti dont est issue la majorité à l'APC, affirme quant à lui « ne pas cautionner les dérives d'aucun élu ». Notre interlocuteur, qui dit suivre les péripéties de l'affaire avec « attention et responsabilité », soutient que la structure partisane locale n'exclut pas de se constituer partie civile pour signifier que « la force doit rester à la loi ». Clairs et sans équivoque, les propos de Hamid Belkheiri, membre du bureau national du parti d'Ouyahia, sonnent comme un glas à un maire aujourd'hui voué aux gémonies après avoir été porté aux nues et à qui on a laissé le soin jusqu'à établir sa propre liste aux élections communales du 27 novembre 2007. Plus pragmatique et moins politicien, le président de l'association Espoir-vivant voit dans cette triste affaire « la conséquence d'un vide juridique dans les lois, surtout celles relatives au code communal ». Pour ce membre actif de la société civile tiarétie, « s'il n'y avait pas eu plainte, personne ne se serait douté de ce qui se tramait dans les travées des institutions, car les mécanismes de contrôle sont désuets ». Il y a aussi, ajoute t-il, dépité « une sorte de démission du mouvement associatif, celui-là même travesti dans sa noble mission en devenant otage des politiques qui en ont fait des satellites ». Au-delà des commentaires, passionnés, mesurés ou calculés, la justice doit poursuivre aujourd'hui sa série d'auditions entamées le 17 janvier.