C'est en sa qualité de président de l'Organisation nationale des retraités de l'ANP que le général à la retraite Oudaï, ancien adjoint du chef de la 1re Région militaire, issu d'une grande famille de martyrs de la Révolution, a interpellé hier, dans une déclaration à El Watan, le chef de l'Etat sur le cas du général Benhadid, placé sous mandat de dépôt par le tribunal de Sidi M'hamed à Alger, depuis mercredi dernier, et incarcéré à la prison d'El Harrach. «En tant que premier responsable de l'organisation et son unique porte-parole, et au nom de tous les membres du bureau, je demande au président de la République, en sa qualité de ministre de la Défense et de premier magistrat du pays, de peser de tout son poids pour libérer le général Benhadid en raison de son passé glorieux d'ancien moudjahid (il a rejoint la Révolution à l'âge de 16 ans), de son âge (72 ans), des fonctions qu'il a occupées au sein de l'armée et enfin de son état de santé qui ne résistera pas aux conditions de détention.» L'ex-officier supérieur de l'ANP, précise que l'Organisation « ne veut pas interférer dans les affaires de justice. Mais, nous savons qu'il est très malade au point d'être placé sous surveillance médicale à l'infirmerie de la prison. Il peut être poursuivi tout en étant en liberté….» Par ailleurs, le président de l'Organisation des retraités de l'ANP annonce qu'une lettre officielle sera transmise au président Bouteflika, en sa qualité de ministre de la Défense, «en espérant qu'il soit sensible à notre demande». Cette réaction intervient au moment où de folles rumeurs sur la détérioration de la santé du général Benhadid dans sa cellule ont fait le tour des rédactions, suscitant le démenti formel de ses avocats, dont un de maître Hocine Mechri, qui lui a rendu visite hier. «Il se trouve à l'infirmerie et semble avoir un bon moral», déclare Me Mechri. Le général Benhadid, faut-il le rappeler, avait été arrêté par les gendarmes d'une manière musclée alors qu'il se trouvait sur l'autoroute, à la suite d'une plainte déposée par le ministère de la Défense nationale, pour les propos qu'il a tenus à une radio qui émet sur la Toile. Deux chefs d'inculpation sont retenus contre lui, dont «atteinte au moral des troupes». Pour ses avocats, les conditions dans lesquelles il a été arrêté par les gendarmes ressemblent à un «véritable kidnapping». «Le mis en cause n'a fait l'objet ni de mandat d'arrêt ni de mandat d'amener pour être intercepté sur l'autoroute et conduit vers le siège de la gendarmerie», a déclaré Me Mechri dès sa constitution en tant qu'avocat du général à la retraite. Abondant dans le même sens, Me Khaled Bourayou dénonce ce qu'il estime être «des violations caractérisées» du code de procédure pénale. Pour lui, la manière dont le général avait été arrêté constitue «un grave précédent qui ressemble à un kidnapping». Il promet de dénoncer toutes ces «violations» lors d'une conférence de presse qu'il animera aujourd'hui. Il aura à faire état de toutes ces «dérives» qui, faut-il le signaler, contredisent toutes les déclarations du ministre de la Justice, faites la veille de l'arrestation, c'est-à-dire mardi dernier, sur la détention provisoire qui, selon lui, devrait être exceptionnelle, appelant par la même occasion à «une réforme des mentalités chez les juges pour inculquer les principes des libertés». Le message du ministre semble avoir été foulé aux pieds. Il faut aussi rappeler que cette arrestation musclée du général Benhadid a coïncidé avec l'entrée en fonction du nouveau procureur général d'Alger, El Hachemi Brahmi, installé officiellement (mardi dernier) par le ministre de la Justice, en remplacement de Belkacem Zeghmati.