Il est connu que les régimes arabes sont les ennemis de la liberté. Pour ne pas déroger à cette règle, ils ont décidé de passer à une vitesse supérieure pour étouffer davantage leurs peuples. En effet, leurs ministres de l'Information sont réunis depuis hier au Caire pour « imposer une ligne directrice aux chaînes satellitaires arabes afin de respecter les normes ethniques et les valeurs morales de la société arabe et pour qu'elles ne servent pas de paravents et de relais aux terroristes ». Pour ce faire, il est question de créer un office de surveillance des chaînes satellitaires arabes, idée proposée par l'Arabie Saoudite et l'Egypte. La démarche de ces deux pays n'est pas innocente. Le premier héberge le satellite ArabSat et le second le satellite NileSat. Tous deux ont une sainte horreur de la démocratie, des débats contradictoires et les télévisions libres les dérangent énormément. Le régime de Hosni Moubarak, qui a imposé un système totalitaire, voudrait que ce dernier soit reproduit dans tous les pays arabes, ce qui lui permettra de consolider le sien. L'Arabie Saoudite travaille, elle, pour l'expansion du wahhabisme et, par extension, au maintien des peuples arabes dans l'obscurantisme. Pour cela, il ne faudrait pas que ceux-ci soient contaminés par des concepts subversifs tels que modernité, démocratie, liberté d'expression ; de tels concepts, s'ils venaient à se répandre dans la sphère arabe, signifieraient leur propre mort. D'où cette criminelle idée de créer une « superpolice » des télévisions comme l'appelle RSF, pour bien encadrer les peuples arabes et les maintenir dans une arriération absolue. Seuls deux pays, le Qatar et le Liban, ont publiquement exprimé leur opposition à ce projet liberticide. On ne sait pas si l'Algérie a adopté la même position. Il est à craindre que non, quand on sait l'état de notre situation en matière de presse, surtout en ce qui concerne l'audiovisuel. Depuis une décennie, l'Algérie verse de plus en plus dans le totalitarisme et s'est beaucoup rapprochée des régimes moyenâgeux du Golfe. N'a-t-on pas vu son président embrasser l'épaule du roi d'Arabie Saoudite, un comportement inadmissible pour un chef d'Etat algérien ? Bouteflika, dès le début de son premier mandat, avait déclaré qu'il se sentait plus proche des islamistes que des démocrates. Depuis, il n'a cessé de travailler pour une société plutôt empreinte d'irrationnel que de cartésianisme. Un autre complot contre les peuples arabes est en train de se tramer au Caire. Il n'est le fait ni du sionisme ni de l'impérialisme américain.