Les Verts ont réalisé dimanche soir, à Cabinda, un match plein face à l'ogre et premier favori de la CAN, la Côte d'Ivoire. Tous les ingrédients étaient réunis dans ce quart de finale époustouflant et mémorable entre deux mondialistes : spectacle, buts, engagement et surtout suspense. Les camarades de Mansouri ont, sans doute, fourni là leur meilleur match. Au vu de leur prestation au premier tour, personne, mais vraiment personne, sauf peut-être Saâdane, ne s'attendait à une réaction aussi salutaire digne des grandes nations de football. Saâdane était peut-être le seul à croire en cette équipe en affirmant juste après la qualification au deuxième tour : « Notre équipe monte en puissance. On n'a peur de personne », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse après le match contre l'Angola. Et pourtant, quelques semaines avant le début de la compétition, il soutenait le contraire : « Il ne faut pas s'attendre à un miracle. Si ça ne tenait qu'à moi, on n'ira pas en Angola, mais je dois assumer mes responsabilités. La CAN est tombée dans un mauvais moment pour nous. Nous sortons fatigués des éliminatoires. Il est difficile sur le plan méthodologique de présenter une équipe compétitive et solide surtout après un dernier tour éliminatoire éprouvant. » Saâdane s'est toujours montré prudent à la veille de chaque compétition, mais il parviendra à chaque fois à sortir indemne et victorieux permettant au football national d'écrire ses plus belles pages de l'histoire. Pour cette 27e édition, les craintes de celui qui a qualifié l'Algérie par deux fois au Mondial étaient de mise, notamment après la cascade de blessures enregistrées depuis le fameux match contre l'Egypte à Khartoum. On citera pêle-mêle, Antar Yahia, Meghni, Gaouaoui, Bezzaz, Saïfi et récemment Chaouchi (sans parler du départ de Lemmouchia). Que s'est-il passé entre-temps ? Peut-on parler de miracle que Saâdane lui-même avait systématiquement écarté avant le départ de l'équipe pour le Castellet. L'équipe algérienne s'est, en tout cas, métamorphosée en l'espace de 120 minutes offrant au monde entier un match de grande qualité. Le sélectionneur national affirmait à notre envoyé spécial : « Les joueurs se sont libérés psychologiquement après l'ouverture du score par la Côte d'Ivoire. Entre les deux mi-temps, je leur ai demandé de jouer encore l'offensif, car l'adversaire n'est plus dans le coup. Ils ont bien réagi et ils étaient admirables. » Les joueurs en voulaient, certes, mais devons-nous aussi avouer le bon coaching de Saâdane qui a permis au groupe une meilleure mobilité sur le terrain et une synchronisation collective extraordinaire résolument tournée vers l'offensif. Meghni ayant trouvé des difficultés au début du match a explosé en deuxième période après avoir été carrément reversé en attaque derrière Ghezzal. Tout comme Yebda qui a eu un rôle beaucoup plus offensif en deuxième période. Ce changement de dispositif dans le placement des joueurs, ainsi que l'incorporation de Bouazza et Abdoun (auteurs d'un bon match), a permis à l'équipe d'éclabousser son adversaire et de terminer le match sur les chapeaux de roues. C'est cette équipe et ce football qu'on aimerait voir chaque jour.