Le commandement des forces aériennes a, en tout cas, exprimé son « intérêt pour certains types d'appareil », selon le général- major Ronald R. Ladnier, le chef des forces aériennes de l'Africom (Commandement militaire des Etats-Unis d'Amérique pour l'Afrique), qui a entamé hier une visite de trois jours en Algérie. Le représentant de l'Africom a précisé, au cours d'une conférence de presse animée au siège de l'ambassade américaine, que les responsables de l'armée algérienne se sont surtout renseignés sur le Hercule C 130 J, un avion utilisé généralement dans le transport de troupes. Il est à rappeler que les forces aériennes algériennes sont déjà équipées de Hercule C 130 H. Le commandant des forces aériennes de l'Africom dont le siège se trouve à Stuttgart, en Allemagne, a en outre fait savoir que « pour le moment, il n'y a aucun accord entre Washington et Alger », précisant qu'il n'était pas habilité, en sa qualité d' « opérationnel », à parler de tels dossiers. Le général-major, Ronald R. Ladnier, qui s'est entretenu durant la matinée d'hier avec le commandant des forces aériennes algériennes, le général- major Abdelkader Lounès, et le responsable de la direction des relations extérieures et de la coopération au ministère de la Défense nationale, le général Noureddine Makri, a indiqué qu'il était venu en Algérie pour chercher les voies et moyens de renforcer concrètement les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis dans le domaine de la défense, tel qu'annoncé au mois de novembre dernier par le commandant en chef de l'Africom. Le responsable militaire américain a expliqué que sa tâche consistera, dans un premier temps, à « écouter les responsables algériens ». « Durant ma courte visite, je me suis entretenu avec de hauts responsables de votre armée de l'air. Je vois que nous pouvons apprendre les uns des autres. (…) Notre travail consiste à nous rapprocher de pays partenaires qui ont également des forces aériennes. Il est logique que nos pilotes travaillent de concert avec vos pilotes dans le but de réaliser des objectifs communs comme la lutte contre le terrorisme et le maintien de la paix », a souligné le commandant des forces aériennes de l'Africom. Au-delà de l'intérêt manifesté pour les Hercule C 130 J, les responsables de l'ANP ont-ils émis d'autres demandes ? Assez prolixe, le général-major Ladnier n'a pas caché le fait que ses interlocuteurs souhaitent développer une coopération avec l'Africom particulièrement dans le domaine de la formation, de la gestion des crises et de l'aéronautique. Washington pose-t-elle des limites à sa coopération avec Alger ? Après un moment de réflexion, le représentant de l'Africom a déclaré : « A ma connaissance, il n'y a aucune limite. » Le général américain a toutefois précisé que pour arriver à asseoir une coopération efficace, il est nécessaire de « mettre en place une vision stratégique ». Washington veut une vision stratégique avec Alger Et c'est, a-t-il dit, la raison essentielle de sa visite de trois jours à Alger. A noter que c'est la première fois qu'un haut gradé américain parle de « vision stratégique » dans une intervention officielle consacrée aux relations militaires entre l'Algérie et les Etats-Unis. Celui-ci ne se serait pas permis de faire une telle déclaration si les autorités politiques algériennes n'avaient également pas fait le choix stratégique de coopérer avec Washington dans le domaine de la défense et, surtout, d'en faire explicitement la demande. Si c'est le cas, il y a lieu de s'attendre à ce que l'Africom noue des coopérations avec les autres corps de l'ANP. Si ce n'est déjà fait. Dans la perspective de la mise en place de cette « vision stratégique », le général-major Ladnier a exprimé son souhait « d'avoir des discussions avec les responsables des forces aériennes algériennes ainsi qu'avec l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger et son équipe afin de s'assurer que tout le monde est sur la même longueur d'onde au moment où les deux pays construisent un plan d'engagement pour l'avenir ». « Je voudrais entendre leurs (les responsables militaires algériens) idées et leurs réflexions sur l'avenir des forces aériennes algériennes et comment les forces aériennes américaines en Afrique peuvent intervenir dans ce sens », a-t-il ajouté. Dans le même ordre d'idées, le commandant des forces aériennes de l'Africom a informé qu'une seconde rencontre est prévue avec les responsables militaires algériens pour commencer à réaliser les objectifs sur lesquels les deux parties se seront entendu. Il conclura son intervention en disant notamment que les « Etats-Unis apprécient le rôle de leader de l'Algérie dans la région en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme au Maghreb et au Sahel et qu'ils sont déterminés à travailler avec le gouvernement algérien (…) ».