Dix-sept films pour cette manifestation qui propose aux Tunisois un panorama du cinéma algérien. Programmée du 13 au 21 février prochain, la semaine du film algérien à Tunis a été conçue comme une mini rétrospective de la cinématographie algérienne, depuis la guerre de Libération nationale jusqu'à nos jours. Ainsi que le souligne Ahmed Bédjaoui, commissaire de la manifestation, « il s'agit aussi d'un retour aux sources, car c'est en Tunisie qu'a été créée la section cinéma du Gouvernement provisoire de la République algérienne ». Ce sont, en effet, les instances de la Révolution algérienne, alors basées à Tunis, qui avaient décidé de développer l'action cinématographique, d'abord en tant qu'instrument de contre-propagande au flux considérable d'images coloniales sur l'Algérie et la guerre de Libération nationale, ensuite en tant qu'archivage d'une future mémoire historique. Sans cette initiative, nous ne disposerions aujourd'hui que des images des services audiovisuels de l'armée française soigneusement traitées en fonction des ses objectifs. Dans cette optique, la séance inaugurale, le samedi 13, présentera Yasmina (1961) de Djamel Chanderli et Mohamed Lakhdar Hamina, l'histoire de cette petite fille qui fuit, en compagnie de sa poule, son village entièrement bombardé. Ce film a été projeté la première fois à New York lors de l'Assemblée générale de l'ONU sur la question algérienne. Le même soir sera présenté, en présence du réalisateur, Les Cinéastes de la liberté (2009) de Saïd Mehdaoui, qui relate d'ailleurs l'épopée du cinéma de la guerre d'indépendance, mettant en valeur les hommes qui l'ont menée comme les précités ou Mahieddine Moussaoui, René Vautier, Pierre Clément, Carl Gass et d'autres encore. La deuxième journée présentera Le Vent des Aurès de M. Lakhdar Hamina, un classique du genre avec la performance émérite de l'actrice Keltoum. Lundi seront projetés L'Opium et le Bâton de Ahmed Rachedi et Les Vacances de l'inspecteur Tahar, de Moussa Haddad qui se passent en Tunisie où l'inénarrable duo de l'inspecteur et de son apprenti rencontre la célèbre comédienne Oum Traki. Mardi laissera place à la coproduction algéro-tunisienne Aziza de Abdellatif Benamar, puis à Nahla de Farouk Beloufa (lire interview dans ce numéro). Les autres journées permettront aux Tunisois, mais aussi aux Algériens vivant à Tunis, de revoir Leïla ma raison de Tayeb Louhichi (Alg-Tun.) et de découvrir Rachida de Yamina Bachir Chouikh (en sa présence), Gabbla de Tariq Téguia, L'Envers du miroir de Nadia Chérabi (en sa présence), La Maison jaune de Amor Hakkar, Le Voyage à Alger de Abdelkrim Behloul (en sa présence), Harraga de Merzak Allouache et London River de Rachid Bouchareb. Les trois derniers films sont de 2009 et permettent d'achever ce cycle sur une partie de l'actualité du cinéma algérien. A signaler, pour les matinées des dimanches 14 et 21, des séances juniors avec Les Enfants du vent de Brahim Tsaki et Cartouches gauloises de Mehdi Charef. Parallèlement, Ahmed Bédjaoui donnera une conférence à l'Ecole du cinéma de Gammarth et sera l'invité du plateau de Nesma TV tandis qu'il est prévu plusieurs rencontres avec la presse écrite et audiovisuelle pour les quatre réalisateurs algériens présents à cette Semaine. Cette manifestation en plein cœur de la capitale tunisienne*, est placée sous l'égide des deux ministères en charge de la culture et a été organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et le Comité culturel national tunisien. On espère qu'un « match retour » sera organisé, car le cinéma tunisien mérite également d'être mieux connu des cinéphiles algériens. Salah Djamaoui *Maison de la Culture Ibn Rachiq, 20, Avenue de Paris, Tunis centre, (photo ci-contre).