Le secteur de l'éducation dans ses différents paliers connaîtra une paralysie générale le 21 janvier. C'est la décision-clé sur laquelle se sont entendu les membres de l'Intersyndicale de l'éducation. Elle sera suivie d'une série de mouvements de protestation et de réunions cycliques. Comme convenu, les 6 syndicats membres de l'Intersyndicale se sont réunis, hier, au siège de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), pour annoncer l'objectif de leur mouvement de protestation. Après plusieurs heures de concertation, il a été décidé d'observer une journée de grève le 21 de ce mois, qui sera suivie le lendemain, à partir de 14h, de sit-in devant toutes les directions de l'éducation du pays. «Ce que nous avons décidé aujourd'hui n'est que le début d'une longue série de mouvements de protestation. D'ailleurs, nous comptons nous réunir le 24 janvier afin d'évaluer l'impact de cette action et décider des prochaines perspectives», déclare Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapeste). Il estime que le dialogue prôné par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, n'a jamais été refusé par les syndicats, bien au contraire. Il dit avoir alerté la ministre ainsi que tous les autres partenaires sociaux sur plusieurs anomalies et atteintes aux libertés syndicales sans pour autant qu'elle n'intervienne. Motivant leur décision par une situation de ras-le-bol ressentie par les travailleurs de l'éducation, tous corps confondus, les syndicats citent plusieurs entraves. Parmi les plus importantes, selon Zoubir Rouina, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), la prise de décisions unilatérales tant sur le volet pédagogique qu'organisationnel et socioprofessionnel sans prendre en compte l'avis des partenaires sociaux. Parmi ces décisions est citée la médiation pédagogique obligeant les enseignants à octroyer aux élèves des heures de rattrapage le mardi après-midi et la matinée du samedi. «Nous avons une série de revendications qui n'ont pas été satisfaites et que nous ne faisons qu'actualiser à chaque fois. Le problème ne vient pas de notre côté, mais de celui du récepteur. La tutelle commercialise sa bonne intention, se disant privilégier la piste du dialogue sans pour autant la concrétiser sur le terrain avec les syndicats, qu'elle qualifie de partenaires sociaux», explique notre interlocuteur, qui dit ne pas nier les maintes réunions avec la ministre. Des rencontres bilatérales qui sont restées sans résultat. Dans la série de reproches faites à la première responsable du secteur, les syndicalistes reviennent sur la pression indirecte, puis directe faite sur l'activité syndicale. Ils citent le refus d'octroi d'autorisation pour tenir les conseils nationaux ainsi que l'interdiction faite aux syndicalistes d'entrer dans les établissements pour structurer les syndicats et les travailleurs. S'ajoute à cela l'instruction donnée aux directeurs de l'éducation de ne pas signer les PV de réunion. Ce qui ôte à ces rencontres leur aspect formel et l'obligation de tenir tout engagement ou autre aboutissement. Cette grève vient aujourd'hui comme une nouvelle étape dans la pression qu'exercent les syndicats après avoir annoncé, quelques semaines plus tôt, leur retrait de la charte d'éthique et le boycott de toutes les activités officielles organisées par le ministère. Une disposition qui reste d'ailleurs d'actualité et maintenue. «Dans les déclarations de la ministre de ce samedi, nous avons senti une bonne intention de reprendre le dialogue avec les syndicats. Une piste que nous avons toujours privilégiée étant donné que les mouvements de protestation ne sont bénéfiques à aucune partie. Toutefois, depuis notre réunion du 23 septembre 2018, nous avons été mis en quarantaine au point où même les réunions bilatérales que nous avions l'habitude de tenir n'ont pas été programmées», rétorque Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Il dit que les syndicats espéraient discuter lors de ces réunions de plusieurs points, qui figurent aujourd'hui dans la plateforme de revendications. Il s'agit essentiellement de la révision du statut particulier des travailleurs de l'éducation nationale ainsi que de l'application du décret présidentiel 266/14 du 28 septembre 2014 relatif à la revalorisation des diplômes (DEUA et licence) dans l'enseignement primaire. Ces enseignants du primaire sont classés à la catégorie 11 de la grille indiciaire des salaires, alors qu'ils devraient être à la catégorie 12, vu les diplômes qu'ils détiennent. Pour la rencontre bilatérale ministère-Unpef, Sadek Dziri, président de cette union, explique que la piste du refus d'assister n'est pas envisageable sauf à condition qu'elle concerne les points cités dans la plateforme de revendications relative à ce nouveau mouvement de protestation. Le préavis de grève devrait être déposé au niveau du ministère dans la matinée d'aujourd'hui.