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Khoudir Madani. Enseignant chercheur à l'université de Béjaïa : « La recherche passe par l'autonomie des universités »
Publié dans El Watan le 31 - 01 - 2010

Vous avez récemment tiré la sonnette d'alarme quant à la situation jugée « dramatique » de la recherche scientifique en Algérie. Quel constat pouvez-vous établir au sujet de la qualité de l'enseignement et de la situation de la recherche dans les universités algériennes ?
Il n'est pas que dans la recherche scientifique que la sonnette d'alarme est tirée ou que la situation est jugée dramatique ; ce sont tous les secteurs névralgiques du pays qui sont au rouge, à savoir, l'éducation nationale, la santé, la justice, la sécurité alimentaire, la jeunesse et le sport, l'environnement, etc.
De ce fait, la qualité de l'enseignement supérieur et de son corollaire qui est la recherche scientifique se retrouve dans la même situation que celle dans laquelle se sont embourbés les autres secteurs. A l'ère de la globalisation, la capacité d'innovation suppose la disponibilité d'un potentiel scientifique et technologique élevé, capable de relever les innombrables défis pour le développement du pays. Hélas, les faiblesses de la politique de la recherche scientifique, technologique et de l'enseignement supérieur sont dues, d'une part, à l'absence d'un projet économique national à long terme et, d'autre part, au manque de visibilité et d'intelligence dans la confection des textes réglementaires régissant les institutions publiques et surtout les textes fixant les prérogatives et les responsabilités.
Le manque de volonté politique, l'absence de stratégie à long terme et l'ambiguïté des textes réglementaires ont fait de telle sorte que l'université algérienne perd de sa qualité d'enseignement, alors que son produit de recherche est en pleine régression.
Un récent classement des universités montre qu'aucune université algérienne n'est dans le top 4000 du gotha mondial. Quel est votre commentaire ? Et pourquoi la recherche algérienne est si mal classée ?
Dans votre quotidien du 17 décembre 2009, j'ai essayé de donner une statistique sur le classement de « Shanghai 2009 » des universités algériennes, tout en apportant des commentaires sur le pourquoi de ce classement et en mettant l'accent sur le fonctionnement des laboratoires de recherche en Algérie et leurs interactions avec l'administration universitaire. Les supers pouvoirs dont jouissent les administrateurs universitaires sont tellement sans limites qu'ils ont bureaucratisé la pédagogie et la recherche à la fois. La dépendance des laboratoires de recherche des visas et accords de l'administration est telle que les directeurs de laboratoire sont soumis à un véritable parcours du combattant pour acquérir, à titre indicatif, un PC portable, un bon d'essence, un stylo, etc.
Cette muraille bureaucratique n'explique pas à elle seule l'état de la production de la recherche scientifique et technologique, mais le manque de visibilité dans la confection des programmes de recherche nationaux, l'absence de l'idée de constituer des groupements d'intérêt scientifique et des groupements d'intérêt public font de telle sorte que la recherche en Algérie n'obéit pas aux standards établis. Avec notre important potentiel en infrastructures et en ressources humaines, il est anormal que des universités du Rwanda, du Botswana et du Kenya soient mieux classées que l'USTHB, Constantine ou Béjaïa.
Pensez-vous que le cadrage juridique de la recherche en Algérie et les moyens qui sont mis à la disposition des chercheurs sont insuffisants ?
Le cadrage juridique de la recherche scientifique en Algérie a vu le jour le 22 août 1998 avec la loi 98-11 sur l'orientation et le programme à projection quinquennale sur la recherche scientifique et le développement technologique 1998-2002, modifiée et complétée par la loi 08-05 du 23 février 2008. Cette loi a permis une dynamisation de la recherche scientifique et technologique par la mise en place de l'intersectorialité afin d'élaborer les cahiers des charges des programmes nationaux de recherche. Les textes ainsi établis devraient mettre sur rails la recherche nationale ; hélas, la dimension sociale du chercheur fut omise : le fait que l'indemnité de recherche est en moyenne de 9000 DA/mois, elle n'encourage pas les jeunes talents à adhérer, et sans jeunes chercheurs, il n'y a pas de recherche. A cette insignifiante indemnité s'ajoute la contrainte administrative du chercheur au sein de son université (bureaucratisation des procédures, absence des bureaux doctorants, confusion entre les locaux pédagogiques et de recherche, l'emprise de la pédagogie sur la recherche, la non-participation au processus de consultation et de décision, etc.).
Sans oublier que le salaire de l'enseignant chercheur est l'un des plus bas au monde, il dépend du grade académique, il varie de 74 000 DA à 67 000 DA entre un professeur et maître de conférences A (de même échelon), alors qu'un jeune maître assistant B ne dépasse pas les 39 000 DA. Les recteurs d'université, en plus de leurs salaires et des indemnités de recherche, ont des indemnités de responsabilité qui dépassent les 40 000 DA/mois et, à moindre mesure, les vice-recteurs et les doyens, alors que les directeurs de laboratoire et les chefs d'équipe ne sont assujettis à aucune indemnité. Cette répartition inéquitable des salaires et des indemnités a fait fuir nos jeunes talents vers le secteur économique et d'autres cieux.
Du côté encadrement des laboratoires, les contraintes administratives sont telles que les budgets de fonctionnement et d'équipements alloués sont sujets à de savantes palabres entres les directeurs de laboratoire et les administrateurs des universités, rarement autour de l'intérêt scientifique, mais souvent autour des pouvoirs conférés à l'ordonnateur. Ces anomalies freinent l'activité de la recherche et la déplacent sur un terrain qui n'est pas le sien. Le renforcement du cadrage juridique actuel, par des mécanismes d'autonomie des laboratoires, et des processus de création des groupements d'intérêt scientifique et groupements d'intérêt publics apportera à la recherche scientifique et technologique cette impulsion tant souhaitée.
En tant que chercheur, quel est votre avis par rapport à l'autonomie et au statut du chercheur algérien ?
Le décideur doit savoir que la recherche a pour but de créer des connaissances et innover, alors que l'enseignement a pour but de les diffuser, le couple recherche-enseignement est porté par l'enseignant chercheur, qui n'est pas un chercheur permanent (dans le sens juridique du terme), mais il est dans le sens occupation et préoccupation. Le statut particulier de l'enseignant-chercheur n'a rien apporté de nouveau ni pour les salaires ni pour le régime indemnitaire, par contre, il confine la corporation enseignant chercheur dans une sphère de luxe avec des poches vides. L'autonomie de la recherche passe d'abord par l'autonomie des universités qui est indissociable de sa démocratisation.


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