«Trois kamikazes se sont fait exploser dans trois endroits différents au marché hebdomadaire de Loulou Fou, dans une île du lac Tchad», a indiqué une source sécuritaire, ajoutant que ces explosions ont «fait 30 morts, dont les trois kamikazes, parmi la population civile et plus de 80 blessés». Cette région a été placée, le 9 novembre par le gouvernement tchadien, sous le régime de l'état d'urgence, suite à de précédents attentats-suicide perpétrés par des islamistes nigérians de Boko Haram, groupe qui a rallié l'organisation Etat islamique (EI). Depuis des mois, le groupe Boko Haram multiplie les attaques et les attentats-suicide sur les villages tchadiens du lac, situés à quelques kilomètres de la frontière avec le Nigeria. L'attaque la plus meurtrière sur les rives tchadiennes s'est produite le 10 octobre. Un triple attentat à l'explosif commis par des kamikazes à la sous-préfecture de Baga Sola s'est soldé par 41 morts et 48 blessés, selon le gouvernement tchadien. Le lac Tchad est partagé entre le Nigeria, le Niger, le Cameroun et le Tchad. Les islamistes de Boko Haram s'y infiltrent pour mener des attaques. Depuis le début de l'année, l'armée tchadienne est engagée dans une opération militaire régionale contre Boko Haram, dont les raids et attentats se sont étendus au-delà du nord-est du Nigeria, son berceau, vers les pays limitrophes, à savoir le Tchad, le Niger et le Cameroun. Cette offensive a infligé des pertes au groupe qui continue néanmoins à lancer des attaques dans la région. Pour combattre Boko Haram, les quatre pays riverains du lac Tchad et le Bénin ont mis sur pied une Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF) dotée de 8700 militaires, policiers et civils. Son quartier général se trouve à N'djamena, au Tchad, où est installé aussi l'état-major de l'opération française Barkhane qui lutte contre ces groupes au Sahel. La Force régionale africaine n'est pas encore pleinement opérationnelle. La coalition «a sans conteste affaibli la nébuleuse» islamiste mais «pour autant, elle ne s'avoue pas vaincue», a récemment reconnu le président tchadien Idriss Déby Itno. Mercredi dernier, le ministre camerounais de la Défense, Joseph Beti Assomo, a déclaré que son armée a tué en trois jours «une centaine» d'islamistes de Boko Haram, libéré 900 otages et saisi des drapeaux de l'Etat islamique au cours d'une opération dans l'extrême-nord du pays. Cela a été réalisé lors d'une opération spéciale de ratissage, menée du 26 au 28 novembre, contre les combattants de Boko Haram dans les localités frontalières avec le Nigeria, selon Joseph Beti Assomo. Les Etats-Unis ont, de leur côté, déployé 300 militaires au Cameroun pour mener des opérations de reconnaissance et de renseignement contre les islamistes nigérians. Stabilité menacée En janvier dernier, le gouvernement tchadien s'est déclaré disposé à apporter un «soutien actif» au Cameroun face à la «situation qui menace dangereusement la sécurité et la stabilité du Tchad et porte atteinte à ses intérêts vitaux». En février, l'armée tchadienne a lancé, à partir du Cameroun, sa première offensive terrestre sur le sol du Nigeria, chassant les islamistes de Gamboru à la frontière camerounaise. En mars, les armées du Niger et du Tchad ont lancé une offensive militaire «terrestre et aérienne» contre Boko Haram dans le nord-est du Nigeria. En avril, les islamistes de Boko Haram ont anéanti une position de l'armée du Niger sur le lac Tchad, faisant 74 morts, 46 soldats et 28 civils.