Le tribunal criminel s'est penché hier sur une affaire de fratricide dont la genèse remonte au 3 mars de l'année écoulée et a eu pour cadre le domicile familial, sis dans la commune de Oued Tlélat. Selon les faits relatés à travers la lecture de l'arrêt de renvoi, ce jour-là, aux environs de 3 heures 30 du matin, l'accusé M.M., âgé de 31 ans, armé d'une barre de fer, a asséné plusieurs coups à la tête de la victime, sa propre sœur, M.H. Par la suite, sans se soucier de son sort, il est retourné dormir en l'abandonnant gisant dans une mare de sang. Son corps n'a été découvert par sa mère et son autre frère que le lendemain matin. Ces derniers ont alerté, tardivement malheureusement, les éléments de la Protection civile qui n'ont pu que constater le décès de la jeune femme et du fœtus qu'elle portait. La victime était enceinte de cinq mois. Pour justifier ce « crime d'honneur », le mis en cause a avancé comme argument le fait suivant : « Tout le village épiloguait sur les relations intimes qu'entretenait ma sœur avec un voisin. Nous sommes devenus la risée des habitants » a-t-il déclaré en soulignant « n'avoir pas eu l'intention de tuer ». Appelé à la barre en qualité de témoin, l'ex-concubin de la victime a affirmé : « Je m'apprêtais à demander moi-même sa main. Je suis un orphelin et je n'ai personne à qui confier cette délicate démarche. » La mère et le deuxième frère de la victime, poursuivis pour non-dénonciation de crime, ont été unanimes à déclarer qu'ils « ignoraient tout des circonstances ayant été à l'origine de ce fratricide ». Le représentant du ministère public a mis en évidence l'acharnement de l'accusé sur sa victime et son intention manifeste de la tuer avant de conclure son réquisitoire en requérant la peine capitale à son encontre et trois ans d'emprisonnement pour chacun de ses deux coïnculpés. Les avocats de la défense ont plaidé, en substance, les circonstances atténuantes. Au terme des délibérations, le tribunal criminel a condamné l'accusé à une peine de 20 ans de réclusion et prononcé l'acquittement en faveur de ses deux coïnculpés, sa mère et son frère.
