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L'école est-elle victime ou responsable de la violence ?
Publié dans El Watan le 25 - 12 - 2015

L'école est dévastée par une violence sans limite et non dévoilée, et plus de 50% de ces violences verbales reçoivent l'approbation des parents d'élèves qui eux-mêmes sont dépassés dans l'éducation de leurs enfants et ne conçoivent pas que ces derniers peuvent échouer malgré les cours particuliers.
Dans chaque salle d'examen et ceci à 80% sur tout le territoire algérien, nous enregistrons au moins une insulte contre l'enseignant-surveillant, ce qui oblige certains enseignants à refuser d'assurer leur devoir et à déposer souvent un certificat médical ; d'autres, exaspérés, démissionnent ou décident de partir en retraite. Et dans certains cas, nous avons été surpris que des administrateurs ou des collègues montent des parents ou des élèves contre leurs enseignants sans aucune éthique ni neutralité de leur fonction.
Donc, au lieu de parler d'éthique «de devoirs et responsabilités», il est temps de trouver des solutions à ces maux qui enveniment toute la société. L'école est aujourd'hui dans une situation intenable. Sommée de résoudre les problèmes sociaux et d'éduquer les enfants, elle se retrouve de plus en plus en décalage avec sa mission première, qui était, rappelons-le, d'instruire. Mais pour transmettre des savoirs, encore faut-il que les conditions soient réunies et que l'échange puisse avoir lieu.
C'est loin d'être toujours le cas. Les jeunes professeurs, mal préparés, souvent très mal ou carrément non formés, débarquent dans les établissements sans accompagnement administratif et doivent gérer l'ingérable, supporter l'insupportable, et enseigner comme ils le peuvent. Les conflits sont parfois quotidiens ; la situation peut exploser à tout moment ; les collègues craquent régulièrement ; de plus en plus abandonnent. Beaucoup de collègues sont usés, désabusés, et parfois supportent de plus en plus passivement la dégradation de leurs conditions de travail, quand ils ne se lancent pas dans un projet de reconversion professionnelle.
La judiciarisation du système – un enseignant, poussé à bout, craque et met une gifle : un procès – et la volonté institutionnelle de ne «pas faire de vagues» contribuent au marasme actuel. Les professeurs n'osent parfois plus intervenir ; leur autorité est régulièrement contestée par les élèves. De plus en plus également par les parents qui prennent fait et cause contre l'école ; et leur hiérarchie, elle aussi soumise à des pressions ne les soutient pas toujours comme elle le devrait.
Mal cadrés, dotés d'un fort sentiment d'impunité, voire de toute puissance, certains élèves n'hésitent ainsi plus à franchir toutes les barrières, et ce, de plus en plus jeunes. Ainsi, de nombreux témoignages de professeurs des écoles attestent du fait que la violence a désormais gagné en ampleur due de plus en plus à l'impunité et à la complicité des administrateurs qui refusent de sanctionner ou de prendre certaines responsabilités et laissent l'enseignant se débattre avec les élèves et leurs parents pour une note ou une sanction de renvoi.
L'école, disons-le, ne peut pas tout faire toute seule. Elle ne peut résoudre les graves problèmes sociaux et parfois familiaux que l'on a de plus en plus tendance à lui confier, alors que toutes les institutions ont déserté le terrain. Elle ne peut éduquer si elle n'en a ni le temps ni les moyens, matériels et humains, et si son autorité est sans arrêt remise en cause. Elle peut encore moins le faire quand certains élèves ingérables passent d'établissement en établissement sans aucun réel suivi. Nous manquons de structures spécifiques pour gérer ces élèves, pas forcément si nombreux, qui empêchent les autres de travailler et qui, un jour, finissent par passer à l'acte. Et ce jour-là, si c'est vous le professeur, j'espère que la pensée que vous faites «le plus beau métier du monde» a des vertus sacrément cicatrisantes.
Aujourd'hui, et c'est grave, l'enseignant a la phobie d'enseigner certaines classes ou de les surveiller pendant les examens ou de leur remettre leur copie d'examen. Cette phobie de la classe, de l'élève, du parent d'élève pousse souvent l'enseignant à fuir son métier et être souvent victime de dépression. Aujourd'hui, un autre phénomène grave est apparu : certains enseignants, pour avoir la paix et les faveurs aussi bien de l'élève que de ses parents, ont trouvé la solution miracle : «distribuer les bonnes notes même sans mérite et ainsi tout le monde est satisfait».
Du statut initialement sacré de l'instituteur, la profession d'enseignant est aujourd'hui la plus exposée aux incivilités. Deux phénomènes concomitants ont contribué à la désacralisation de l'instituteur, terme qui n'est d'ailleurs plus utilisé en Algérie : tout d'abord, l'affaiblissement de figures d'autorité et de transmission dans la société. Toutes les figures paternelles ont volé en éclats. La figure du père est ici à comprendre au sens de «celui qui transmet». L'instituteur est celui qui est debout, qui élève, qui institue un adulte, une nation.
De manière concomitante, l'accès au savoir et à la culture s'est démocratisé. Nous sommes donc passés d'un monde des autorités où l'information était relativement rare. Seuls peu de livres étaient disponibles à la majorité des Algériens, je ne parle pas bien sûr des classes bourgeoises. D'où l'importance des manuels scolaires, d'où l'importance de celui qui était le détenteur par excellence du savoir : l'instituteur. Dans des milliers de communes et de villages, il était le seul à détenir le savoir et son seul rival était l'imam.
Le second axe est celui de l'institution elle-même qui a suivi ce mouvement avec une injonction aux professeurs de cesser les cours magistraux, les enseignements frontaux pour être à l'écoute d'un élève placé au centre du système. Des réformes et expérimentations pas toujours heureuses se sont succédé. Les professeurs également ont donné le bâton pour se faire battre en abolissant le vouvoiement, en délaissant des tenues rigoureuses, en adoptant des attitudes de trop grande proximité, aujourd'hui, en étant amis avec leurs élèves par exemple.
Dans l'affaire, nous avons perdu la barrière des générations et l'autorité qui va avec, autorité perçue comme moribonde à une époque et que l'on tente de restaurer devant les dégâts constatés, mais sans se donner de réels moyens. Nous avons également perdu l'alliance éducative entre parents et enseignants, dans laquelle les figures symboliques du père (l'école) et de la mère (la famille) s'imposaient à l'enfant de manière cohérente et coordonnée. Aujourd'hui, les parents viennent mettre en cause les professeurs sur les dires de l'enfant sacralisé qui sert d'intermédiaire entre les deux mondes censés être gouvernés par les adultes. C'est donc l'élève qui a le réel pouvoir et manipule à la fois parents et institution tout en se voyant édicter des obligations de réussite parfois très pesantes.
Et puis, le troisième axe est médiatique, plus insidieux, cette société de consommation dont l'intérêt est de programmer l'enfant pour qu'il fasse acheter tout et n'importe quoi à ses parents. Cette publicité, cette ambiance médiatique, ce gosse de pub est tout puissant, sait mieux que ses parents ce qu'il est bon d'acheter dans un monde télévisuel très éloigné de la réalité mais dont la figure s'impose. La fonction paternelle, symbolique de la loi, est toujours ridiculisée afin de rendre ringarde toute velléité d'interdiction d'achat. Il suffit de regarder une série de spots de publicité pour se rendre compte que le père y est toujours l'idiot de service.
Ces trois axes se coordonnent et aboutissent à une levée des cadres, des repères, des interdits, des limites… où l'enfant manipule la loi à sa guise avant d'accéder au monde des adultes, policier et coercitif, où il ne la manipule plus, ce pour quoi il n'a jamais été préparé. Le professeur a été désacralisé, mais également le policier, le médecin, le juge, le pompier… tout ce qui peut ressembler à une personne porteuse de cadres et de contraintes.
Il est très difficile de désigner des responsables. L'évolution de la société est irréversible. Nous avons changé de modèle de société, nous sommes passés d'une société où il y avait des lieux de transmission obligatoires : le service militaire, l'école, ou encore la prière du vendredi. Nous sommes tous les bénéficiaires de cette nouvelle société, mais la transmission n'y est plus verticale : de ceux qui savent vers ceux qui ne savent pas. La société se veut aujourd'hui égalitaire, libertaire.
Les instituteurs et tant d'autres ont perdu de leur respect. La société est aujourd'hui en quête de consommation et l'espérance porte sur l'épanouissement dans le bonheur. Et cela n'est pas très bon pour l'école. Inutile d'incriminer un ministre, car aucune réforme n'y changera rien en raison de l'ampleur des problèmes de l'école.
L'école devient le réceptacle de tous les manques et de toutes les incompétences constatées chez l'enfant : à l'école, on doit ou l'on devrait apprendre à lire, écrire, compter, mais aussi parler, nager, faire du vélo, attacher ses lacets, être poli, se laver les dents, connaître le code de la route, l'hygiène, l'alimentation, le secourisme… et le pouvoir, les pouvoirs, qui se sont succédé, ont toujours trouvé payant électoralement de reporter les responsabilités parentales sur l'institution, ce qui flatte certains parents mais en agace d'autres. Nous sommes donc aujourd'hui perdus en conjectures sur la part qui revient aux parents et celle qui revient à l'école. Il est temps d'ouvrir un vrai débat national sur l'école et le problème de la violence et non pas créer des commissions qui ne peuvent donner de recette miracle à ce mal qui ronge toute la société.
La démission des parents d'élèves qui fuient leurs responsabilités d'accompagner les professeurs dans l'accomplissement de leur fonction d'éducateur et qui ont trouvé refuge dans les cours particuliers pour éduquer et transmettre à leurs enfants. La fuite en avant de l'administration à tous les niveaux qui cherchent la paix sociale et éducatrice quels que soient les moyens.
Le délaissement des enseignants de leur rôle d'éducateur vu qu'eux-mêmes se sont vus abandonnés aussi bien par leur tutelle et par les parents d'élèves. Donc, aujourd'hui faut-il faire le deuil de l'école algérienne ou avons-nous le courage de dire non : on s'est trompé et commençons par revoir ce qui ne marche pas, car le problème est aussi bien psychique que pédagogique que didactique.
Le débat doit être ouvert :
– Comment faire la part des choses entre la responsabilité qui relèverait de la façon dont nous envisageons désormais l'éducation, et celle qui revient à l'institution ?
– La formation des enseignants a beaucoup évolué au fil des réformes. Sont-ils aujourd'hui suffisamment bien armés pour accomplir au mieux leur mission ?
– Faut-il considérer que les parents ont failli à leur mission d'éduquer leurs enfants, ce qui empêche l'école de les instruire ?
– Faut-il édicter des lois strictes pour responsabiliser les parents d'élèves pour leurs enfants mineurs ?
– Faut-il obliger l'élève à poursuivre ses études jusqu'à 16 ans ?
– Comment redonner à l'école aujourd'hui le statut dont elle a besoin pour remplir la mission qui est la sienne ?


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