En France, pas moins de 200 enfants sont morts suite à des jeux dangereux, dont la plupart s'apprennent dans les cours d'école. Le jeu de la tomate, celui du foulard, le happy slapping : voilà des mots qui nous renvoient — à nous les ignorants — des images innocentes. Et pourtant, que de drames et de souffrances ces jeux ont générés ! Les deux premiers consistent à s'étouffer et s'empêcher de respirer jusqu'à ce que les joues deviennent rouges. Entre-temps, le cerveau manque d'oxygène entraînant parfois la mort ou au minimum la syncope. Quant à la trouvaille du « happy slapping », nous la devons au génie maléfique de l'informatique qui se niche dans les téléphones portables. Des parents coupables se laissent aller aux caprices de leurs enfants et leur achètent des « joujoux » parmi les plus sophistiqués. C'est ainsi que des lynchages d'élèves par des camarades sont programmés dans les cours ou les préaux d'école. Ces scènes de violence sont photographiées en direct via le portable. Tels des trophées, les photos des victimes traumatisées sont exhibées par leurs auteurs. Quelques suicides ont sanctionné de tels agissements. Ces jeux macabres, les enfants du primaire et du collège les affectionnent. Ils mesurent leurs capacités et s'en vantent. A l'école de l'élitisme et de la compétitions chacun se valorise comme il peut : qui en maths, qui en lettres, qui en jeux macabres ou en violence gratuite. La panoplie des actes de violence ne cesse de se diversifier. Les spécialistes français signalent « une démocratisation » de cette violence en milieu scolaire. La palme d'or n'est plus détenue par les banlieues des grandes villes. Dans la campagne alsacienne, on peut lire sur les murs de certains lycées des tags nazis à la gloire de Hitler. Les insultes racistes ou antisémites ont débordé les banlieues pour fleurir dans les quartiers branchés. Les jeux dangereux, tels que décrits, ne sont pas confinés dans des zones spécifiques, mais se répandent auprès d'élèves issus de toutes les catégories sociales. Un courant de pensée pédagogique ne culpabilise pas les élèves. Dans l'argumentaire des défenseurs de cette thèse —des enseignants humanistes et pédagogues novateurs — il y a la fameuse responsabilité de l'adulte, de la société : famille et autres institutions. Un enfant qui dérape au point de s'en prendre violemment à ses enseignants, à ses camarades ou à lui-même souffre d'un déficit en éducation. L'éducation ! Voilà le maître mot qui explique tout. Doit on en faire à l'école, au collège et au lycée ou simplement se contenter d'être une véritable machine à enseigner (débiter des leçons) ? Les enseignants sont ils préparés à éduquer au cours de leur formation initiale ? Devient-on enseignant — donc éducateur — par nécessité, pour fuir le chômage ou par vocation ? L'institution scolaire ne produit–elle pas des ingrédients, comme la pression des résultats, les sureffectifs, l'absence d'activités périscolaires… qui poussent à la révolte, à la violence ? Autant de questions qui taraudent les esprits et que les systèmes scolaires de par le monde essaient de résoudre chacun avec son approche et ses moyens. Une chose est certaine : quand le maître — à tous les niveaux de l'enseignement — respire l'humanisme et pratique les nobles idées qu'il professe, ses élèves le suivent. Il les fait rêver, s'empêchant ainsi de s'adonner à la violence. Ils en connaissent le prix grâce à la sensibilisation par l'action (et pas seulement par la parole ou le manuel) prodiguée par leur éducateur de maître (ou professeur).