L'année 2015 a été plutôt bonne en nombre d'émissions et de timbres (18 émissions pour 28 timbres et un bloc feuillet), mais la qualité a été toute juste moyenne. Un avis partagé par plusieurs philatélistes qui regrettent encore l'absence d'un programme bien étudié, préétabli et surtout diffusé et respecté. Après les «déboires philatéliques» de ces quatre dernières années, le sursaut tant espéré tarde à venir. Le service philatélique ne semble pas être en mesure de mettre en place un programme annuel, comme cela se fait dans toutes les administrations postales du monde. Ses responsables n'ont pas non plus retenu les leçons des émissions improvisées, erronées ou plagiées. On préfère encore la navigation à vue, alors qu'il suffit de voir ce qui se fait chez nos voisins. Pour revenir aux émissions de 2015, et sans tomber dans un positivisme béat, l'on retient surtout que deux dessinateurs se sont accaparés à eux seuls 13 émissions (six pour Ali Kerbouche et sept pour Kamr-Eddine Krim). Cela pose la question lancinante du déficit en dessinateurs. Les cinq autres émissions ont été l'œuvre de Kassef Abdelkrim, Zakaria Morsli et Djazia Cherih, avec une contribution de la Direction générale des Douanes. Côté création ou innovation, il n'y avait rien à relever. L'année 2015 n'a pas dérogé à la règle des commémorations, avec huit émissions, soit près de la moitié. L'événement culturel de l'année ne passera pas sans avoir fait l'objet de deux timbres émis le 16 avril 2015, réalisés par Ali Kerbouche. Par la même occasion, la Poste algérienne a émis le bloc feuillet le plus moche depuis l'indépendance, illustrant le fameux «Qaf» choisi comme logo de la manifestation. La seule consolation a été sans conteste l'émission réalisée par Kamr-Eddine Krim, et consacrée aux hommes de culture (Feraoun, Issiakhem, Samsom et Benhadouga). Ce dernier sera finalement réhabilité, sept ans après la grande bourde commise par le même dessinateur en 2008, où Benhadouga avait été confondu avec Mohamed Dib. L'année philatélique a été marquée par un cas de plagiat soulevé sur le timbre consacré aux réfugiés, alors que deux bourdes «monumentales» ont été commises sur les deux timbres de l'émission sur la Journée de la famille arabe, parue le 7/12/2015, où la géographie a subi un sérieux coup de grâce. Aujourd'hui, il y a urgence en la demeure. Jamais le timbre algérien n'a connu un tel niveau de dévalorisation. Un rapide parallèle avec d'autres administrations postales à travers le monde, fussent-elles de minuscules Etats, permet de comprendre que nous sommes aux antipodes de toute pratique professionnelle. Si Mme la Ministre de la Poste, des Technologies de l'Information et de la Communication prend connaissance de cette rubrique, peut-être fera-t-elle le nécessaire pour pourvoir la Direction de la Philatélie en compétences et en moyens matériels et la doter d'une politique philatélique exigeante et rigoureuse afin de lui éviter des errements préjudiciables à l'image de l'Algérie dans le monde.