Les étudiants de l'Ecole nationale supérieure de tourisme (ENST) sont en grève de cours depuis… 45 jours ! Qui s'en soucie ? Pas grand monde. Surtout pas le ministère de tutelle, qui fait montre d'une incroyable irresponsabilité face au désarroi de 400 étudiants réduits à manger et dormir dans leur école, située dans l'enceinte même de l'hôtel El Aurassi. La sourde oreille du ministère du Tourisme est aussi bizarre que l'est l'origine du conflit entre ces étudiants et leur administration. Ces derniers, qui sont pourtant titulaires du baccalauréat avec une moyenne d'au moins 12/20, assortie obligatoirement d'un petit coup de pouce pour accéder à cette école, se retrouvent avec un diplôme non reconnu ! Et pour cause, dépendant pédagogiquement de l'enseignement supérieur et administrativement du secteur du tourisme, les étudiants de l'ENST sont un peu « hybrides ». Futurs cadres supérieurs du tourisme mais pas tout à fait universitaires ! Ce statut « bâtard » qui dure depuis plus d'une dizaine d'années a fait que ces étudiants sont ballottés entre deux tutelles, qui s'en lavent les mains. Pourtant, la qualité de l'enseignement qui y est dispensé mais aussi celle de l'encadrement pédagogique n'ont rien à envier aux grandes écoles de la même veine. Mais cette « école supérieure » ne forme sur papier que des « apprentis cadres » du tourisme. A la place d'un diplôme universitaire qui devrait logiquement sanctionner un cursus de quatre années d'études supérieures, les malheureux étudiants se voient remettre une simple attestation, provisoire de plus, comme s'il s'agissait d'une formation professionnelle ! Pis encore, l'auguste responsable de cette école refuse même, comble du paradoxe, de signer les relevés de notes des étudiants se contentant d'y apposer un cachet noir humide que n'importe qui peut fabriquer… Question à moindre coût : l'ENST, seule école supérieure en Algérie dans le domaine, fait-elle partie du « plan qualité » lancé à grand renfort médiatique par Cherif Rahmani ? Il est difficile, en effet, de soupçonner une cohérence dans ce qui est présenté pompeusement comme une « stratégie nationale de développement du tourisme en Algérie » quand ses concepteurs ne sont même pas capables de régler une histoire aussi futile que le statut d'une école ! Hier, les étudiants, qui ont bloqué tout accès à l'école, ont fini par être reçus pour la deuxième fois par un responsable des ressources humaines de ce ministère. Au final, la situation pénible de ces étudiants constitue la meilleure preuve des « efforts » fournis par le ministère du Tourisme pour soigner l'image de l'Algérie. Le développement de ce secteur ne tient pas aux séminaires budgétivores ni aux belles tirades poétiques, il tient surtout à la formation et à la qualité de la ressource humaine censée traduire dans les faits les objectifs tracés. Le sort réservé aux étudiants de l'ENST est la meilleure preuve que l'on s'est lourdement trompé d'objectif.