La déclaration commune adoptée à l'issue de la 4e réunion de haut niveau entre l'Espagne et l'Algérie, dont les travaux se sont tenus jeudi à Madrid, en présence de Abdelaziz Bouteflika et de José Luis Rodriguez Zapatero, confirme la tiédeur dans laquelle sont plongées, ces dernières années, les relations algéro-espagnoles. Bien que long et empreint d'un certain optimisme, le document en question a néanmoins eu du mal à nier l'existence de sérieux différends d'abord entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) et ensuite entre l'Algérie et l'Espagne. Nonobstant la problématique du gaz qui reste entière, la tension a commencé à gagner les relations entre Alger et Bruxelles lorsque le gouvernement algérien avait clairement exprimé, l'année dernière, sa réticence à appliquer, dans sa forme actuelle, l'accord d'association signé en 2002 à Valence en avançant notamment l'argument selon lequel celui-ci est extrêmement désavantageux et a été négocié dans une position de faiblesse. Les responsables algériens ne changeront pas d'attitude malgré les protestations amicales régulièrement formulées par Bruxelles. Depuis, les relations entre l'Algérie et l'UE évoluent au ralenti, cela même si les pourparlers et les contacts n'ont jamais cessé. Madrid, qui hérite de la présidence de l'UE pour les six prochains mois, et Alger ont toutefois exprimé jeudi, dans leur déclaration commune, structurée en 37 points, leur engagement à transcender cette situation de blocage qui ne dit pas son nom et à mettre de l'ordre dans les relations algéro-européennes. « L'Espagne continuera à travailler au cours de sa présidence en 2010 pour conforter la position de l'Algérie comme partenaire privilégié dans la région. Les deux gouvernements s'engagent à travailler en étroite collaboration pour la résolution des différends existants et pour la préparation de la tenue du 5e conseil d'association UE-Algérie et le comité d'association qui se tiendra durant cette présidence », est-il précisé dans la déclaration commune rendue publique par les gouvernements algérien et espagnol. José Luis Rodriguez Zapatero, qui a vraisemblablement à cœur de réussir son passage à la présidence de l'UE pour faire oublier son impopularité grandissante en Espagne, paraît cependant mal placé pour gagner la confiance de l'Algérie. L'ambiguïté que continue à entretenir son gouvernement autour du conflit du Sahara occidental, le dialogue de sourds entourant le débat sur la libre circulation des personnes et les attaques répétées dont fait l'objet ces dernières années l'entreprise Sonatrach dans la péninsule ibérique laissent perplexe quant à la volonté réelle de Madrid de défendre les positions algériennes à Bruxelles. Bien difficile d'y croire en effet lorsque l'on constate que les dossiers, objet de litiges au plan bilatéral, n'ont pas vraiment avancé au terme de cette 4e réunion de haut niveau entre l'Espagne et l'Algérie. Excepté le fait de reprendre une série de déclarations de bonnes intentions et le rappel des objectifs assignés au traité d'amitié conclu par l'Algérie et l'Espagne durant l'ère de José Maria Aznar, cette 4e réunion de haut niveau n'a apporté aucune réponse concrètes aux attentes algériennes. Le fait qu'aucun accord n'a été signé durant ce rendez-vous politique, censé être une étape importante dans les relations entre les deux pays, pourrait même confirmer l'idée que les discussions entre Alger et Madrid sont des plus âpres. L'un des rares points positifs dans cette rencontre au sommet reste sans doute la reconnaissance tardive mais la reconnaissance quand même par Madrid du verdict du Tribunal international arbitral concernant l'affaire Gassi Touil. Mais l'Espagne pouvait-elle faire autrement ? Probablement pas ! Au-delà, l'Espagne de Zapatero donne la nette impression de vouloir profiter au maximum de son partenariat avec l'Algérie sans pour autant rien céder en échange. Les officiels espagnols qui ont, à ce propos, applaudi la mise en service prochaine du gazoduc Madgaz et souhaité que les entreprises espagnoles obtiennent des parts de marché dans le vaste programme d'équipement algérien prévu entre 2010 et 2014 sont cependant restés muets sur les doléances de Sonatrach de renégocier, par exemple, les prix du gaz. Les points sur lesquels les deux parties semblent s'entendre parfaitement se comptent pour le moment sur les doigts d'une seule main. Bouteflika et Zapatero ont ainsi saisi l'opportunité de leur rencontre pour réitérer leur appui « ferme » au cadre de dialogue des « 5+5 » et à lutter efficacement contre le changement climatique. Dans leur déclaration commune, les deux pays ont indiqué également partager la même appréciation concernant la menace terroriste au Sahel.