Ce qui avait été annoncé en grande pompe, il y a de cela cinq ans ou six ans, et dans lequel beaucoup d'Algériens demandeurs de logements avaient placé un certain espoir, semble avoir du plomb dans l'aile, comme on dit. Le fameux programme de l'AADL connaît au moins deux ans de retard, et c'est le premier responsable de l'Agence du développement du logement qui vient de le reconnaître, imputant ces contre-temps successivement au SRAS, qui a sévi en Asie, au séisme de Boumerdès, aux problèmes de financements inattendus et, pour finir, au mauvais temps de ces dernières semaines. Et pourtant, la formule de la location-vente telle que présentée à l'époque avait suscité l'engouement chez de nombreux citoyens qui ont commencé à y croire, puisque tout a été fait pour cela. Tout ou presque. Des affectations ont été faites contre de premiers versements, les futurs bénéficiaires pouvaient même suivre l'état d'avancement des travaux sur internet au jour le jour... Sauf qu'ils étaient loin de se douter que - derrière cette mise en scène, soutenue à grand renfort médiatique et publicitaire, « bichonnée » par les pouvoirs publics, un peu à la manière des superproductions hollywoodiennes -d'autres facteurs allaient retarder la réception des fameux logements tant attendus. Tant et si bien qu'aujourd'hui la plupart des bénéficiaires commencent à déchanter avec une pointe de déception de ne pouvoir aménager dans leurs appartements aux échéances promises. Certains commencent même à croire que quelque part on avait besoin de l'AADL pour l'élection présidentielle et que celle-ci passée tout est oublié. En parallèle, on est surpris d'apprendre que plus de 47 000 logements sociaux neufs « sommeillent » dans des cités faute d'avoir été attribués en faveur de ceux qui en ont le plus besoin. Une situation qui occasionne des millions de dinars de perte aux organismes logeurs publics, obligés de faire face aux frais financiers, d'assurer le gardiennage des logements neufs non attribués depuis une année, parfois plus, alors qu'ils n'ont pas récupéré un centime de loyer. Tandis que les ministères de l'Habitat et de l'Intérieur se rejettent la responsabilité d'une situation inédite chez nous, les mal-logés, eux, regardent avec envie ces milliers d'appartements neufs fermés. Ce n'est pas tout. Voilà qu'on leur lance que les pouvoirs publics vont mettre en chantier un million de logements en cinq ans ! Est-on en droit, dans les conditions actuelles et en tenant compte, malheureusement, de la triste et tragique réalité qui veut que les logements neufs n'aillent pas souvent vers ceux qui en ont besoin, mais qu'ils finissent généralement dans l'escarcelle de la spéculation foncière, de leur demander d'y croire encore ?