La pollution gagne du terrain en raison de l'absence de décharges contrôlées et de réseaux d'assainissement. A Boudouaou, deux laboratoires pharmaceutiques sont installés tout près d'un oued pollué. L'environnement continue à se dégrader dans la wilaya de Boumerdès. On y rencontre toutes formes de pollution et pratiquement aucune mesure à même d'atténuer le problème n'a été prise ces dernières années. C'est comme si on se contentait des trois stations d'épuration existantes. Les problèmes que les citoyens exposaient il y a 10 ans demeurent les mêmes, lorsqu'ils n'ont pas pris de l'ampleur. La population a augmenté, les cités se sont élargies et les solutions n'ont pas suivi. Les ordures ménagères jonchent les trottoirs des villes et défigurent des sites paradisiaques. Dans toutes les communes de la wilaya, les ordures sont incinérées dans la nature, pas loin des habitations dans la plupart des cas. Il n'y a aucune décharge organisée sur tout le territoire du département. Les responsables de la wilaya annoncent depuis plus de 4 ans la réalisation de centres d'enfouissement, mais cela demeure des promesses qui ne se concrétisent pas. Et c'est le cadre de vie qui se détériore de plus en plus. La décharge de Boudouaou fait l'objet de réclamations incessantes de la part des habitants, mais les responsables font la sourde oreille et ignorent ces plaintes. « Lorsqu'on met le feu aux ordures, toute la région est envahie par un nuage de fumée. L'air devient irrespirable. Le drame c'est que cette décharge est érigée à l'orée d'une forêt où le citoyen devrait respirer un air pur », nous dit un habitant qui ajoute : « Dans plusieurs quartiers de la commune, les ordures sont incinérées tout près des habitations. Le service de la voirie de l'APC semble dépassé, on met le feu aux amas d'ordures tout près des habitations, là où elles sont déposées, pour ne pas avoir à les enlever. Nous constatons ce phénomène tous les jours à H'laïmia par exemple, du côté de la cité El Badr. » Les eaux usées posent également un sérieux problème pour les habitants. Même lorsqu'il existe un « réseau d'assainissement », les égouts se déversent dans la nature, dans les oueds généralement. A ce sujet, les habitants soulèvent la pollution de certaines plages où les eaux rejetées, provenant des quartiers limitrophes, se déversent dans la mer. On a soulevé les cas de Tagdempt, Dellys, Figuier, Seghirate, Boudouaou El Bahri et Afir entre autres. « Il n'y a pas longtemps, nous nous baignions dans l'oued Boudouaou en été. Maintenant, vous ne pouvez pas l'enjamber. Il est tout noir et des odeurs nauséabondes s'en dégagent en été comme en hiver. Mettez-vous sur le pont à l'entré-est de la ville et jetez un regard dans l'oued : c'est une catastrophe. Comme une « cerise sur le gâteau », vous avez deux laboratoires pharmaceutiques, GSK et LPA, juste à côté. Tout est possible dans notre pays », commente un habitant que nous avons rencontré à Boudouaou. Dans ce chapitre aussi, on a annoncé un projet d'une station d'épuration, qui traiterait les rejets des la majorité des communes de l'ouest de la wilaya, mais beaucoup de temps s'est écoulé sans que la population ne voit du concret. L'absence de réseaux d'assainissement, dans la plupart des villages de la wilaya, fait recourir aux fosses septiques (elles ne sont pas toujours septiques d'ailleurs), qui représentent en elles-mêmes une autre source de danger. « Dans plusieurs villages, on a signalé une contamination de sources et de fontaines suite à la réalisation de pseudo réseaux d'assainissement. On a signalé des cas à Chaâbet, à Béni Amrane et il doit y en avoir ailleurs. Lorsque les égouts ne finissent pas dans une station d'épuration, il faut s'attendre au pire. L'Etat est en train de gaspiller de l'argent pour déplacer le problème, non pas pour apporter des solutions. Combien de champs sont détruits, de vergers pollués suite à ces travaux qui s'achèvent par des rejets dans les champs ou dans les oueds ?! », dit un habitant.