Photo : Zoheïr De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzedine Avoir un cadre de vie sain signifie permettre à la population de vivre dans de bonnes conditions et préserver sa santé. C'est dans cette optique que les décideurs et les spécialistes du domaine de l'environnement dans de nombreux pays envisagent régulièrement des mesures visant à la protection de l'environnement, alors que les réflexions et les recherches se poursuivent pour garantir une meilleure gestion des rapports entre environnement et production. En Algérie, de l'avis de tous les spécialistes, il reste encore beaucoup à faire en termes de préservation, de gestion et de protection de l'environnement. Et cela bien que des mesures soient prises. C'est le cas dans plusieurs wilayas dont les responsables essayent de réduire le degré de pollution. Le recensement des installations polluantes se poursuit aussi pour les inciter à respecter la réglementation en vigueur régissant ce domaine. La réalisation des centres d'enfouissement techniques (CET), quant à elle, se poursuit dans le but de contrôler les différents types de déchets ménagers. La wilaya de Aïn Defla continue, elle aussi, de recenser les entreprises classées comme installations pouvant provoquer des atteintes à l'environnement, et ce, afin de les amener à se conformer à la réglementation. Selon les statistiques figurant dans la récente monographie de cette wilaya, plus de 40 entreprises, gisements et carrières provoquent la pollution atmosphérique, laquelle influe sur la population ainsi que sur les différentes terres. D'après le même document, des superficies variant de 3 ha à 490 ha sont touchées par cette forme de pollution. S'agissant des décharges, la wilaya en compte 35 contrôlées et 180 classées sauvages, donc représentant un danger certain pour la santé et l'environnement. Quant à leur répartition, les statistiques disent que la commune de Miliana se classe en première position avec 15 décharges sauvages, suivie des communes de Arib et Tarik Ibn Ziad avec 13 décharges du même genre. Les communes de Oued Djemaa, Sidi Lakhdar, Bourached, Djendel, Abadia et Tachta comptent entre 8 et 11 décharges non contrôlées sur leurs territoires qui sont pourtant à vocation agricole. Il faut préciser que ces décharges ont également un impact négatif sur le réseau hydrographique, d'autant que la majorité est localisée dans des oueds, au niveau des communes de Zeddine, Amra, Attaf et Tiberkanine notamment, ce qui fait peser un risque de pollution sur les nappes d'eaux souterraines. Le territoire forestier n'a pas été non plus épargné par la pollution. En effet, dans cette wilaya, des citoyens et des responsables d'entreprise font preuve d'incivisme et d'irresponsabilité et continuent de jeter leurs ordures ménagères et autres débris dans ces forêts. L'ouverture du centre d'enfouissement technique, il y a quelques mois, à l'auest du chef-lieu de la wilaya permettra d'organiser le ramassage des déchets et d'assurer un contrôle rigoureux des décharges encore en activité. Mais faudra-t-il encore que les citoyens jouent le jeu et fassent montre de civisme. Et là encore, ça ne sera pas suffisant. Car, si le problème des déchets peut être résolu, il n'en est pas de même pour celui de la pollution atmosphérique où il reste encore beaucoup à faire pour, si ce n'est son élimination, sa réduction au moins, pour mettre à l'abri des populations entières. Or, certaines unités industrielles tardent à se mettre en conformité avec les nouvelles normes. Par ailleurs, les différents engrais et produits phytosanitaires utilisés dans de nombreuses terres agricoles et qui peuvent s'infiltrer avec les eaux d'irrigation constituent un autre danger pour les nappes souterraines, d'autant que de nombreux forages d'eau potable sont localisés dans ces périmètres. A ce propos, les habitants de la commune de Djendel, située dans la partie sud-est de la wilaya, viennent de tirer la sonnette d'alarme sur la qualité de l'eau potable et sur la présence d'un taux très élevé de nitrate, qui dépasse largement le seuil toléré par l'Organisation mondiale de la santé. Cette eau polluée risque de provoquer des maladies graves, selon des habitants qui ne cessent de demander aux autorités locales de prendre des mesures urgentes afin de mettre à leur disposition une eau autre que celle distribuée à partir des 3 forages opérationnels pollués. Les mêmes plaignants signalent, dans ce cadre, le changement de couleur de cette eau et exigent que des analyses soient faites et leurs résultats communiqués. D'autres habitants, de peur de tomber malades à cause de cette eau, demandent la mobilisation d'autres ressources potables. Djendel n'est pas un cas isolé. La commune d'El Abadia souffre également de différentes formes de pollution dues à la dégradation des réseaux d'alimentation en eau potable et d'assainissement, lesquels datent de la période coloniale. De plus, l'air dans cette ville est saturé de poussière à cause des voies de circulation dégradées. Des maladies respiratoires sont déjà signalées dans cette commune. Evidemment, en temps de pluie, les rues sont transformées en cloaques. En somme, dans la wilaya de Aïn Defla, la pollution atmosphérique devient de plus en plus inquiétante, et l'accroissement du parc automobile n'est pas fait pour rassurer, bien au contraire.