Doté d'une enveloppe financière de 2 milliards de dollars, le plan de redressement initié par les pouvoirs publics, en mars 2011, au profit du secteur de l'industrie manufacturière du textile et du cuir semble n'avoir pas encore atteint tous ses objectifs. A part le lancement du projet de création d'un grand complexe textile algéro-turc à Relizane, la branche industrielle textile ne couvre, à ce jour, que 4% des besoins du marché national du prêt-à-porter, dont la valeur est estimée à 400 milliards de dinars. Intervenant, hier à Alger, lors d'une rencontre consacrée à ce thème, Ahmed Benayad, président-directeur général de l'entreprise nationale Confection et habillement (C&H), a indiqué que l'industrie publique du textile, représentée par le groupe Gitex, est pratiquement «absente du marché grand public» et toutes les entreprises du secteur ne fonctionnent que grâce à la commande institutionnelle. Dressant un tableau des plus sombres de l'état actuel du secteur, le même responsable a fait savoir que l'industrie textile algérienne vit toujours sous des menaces et des contraintes l'empêchant de «reprendre la place qui lui sied». Outre le plan de charge insuffisant, notamment pour l'activité textile qui dispose d'un outil de production assez important, les entreprises publiques du secteur subissent une rude concurrence «déloyale» du fait des importations et du marché informel. Le système salarial peu attractif, pratiqué dans ces entreprises, n'encourage pas le renouvellement du personnel, pourtant nécessaire au vu des départs massifs à la retraite des employés et autres cadres hautement qualifiés. La forte dépendance aux importations pour les intrants et les matières premières posent également un sérieux problème, d'autant que les projets de relance de la culture du coton en Algérie n'ont toujours pas abouti. Pour les intrants chimiques, les spécialistes trouvent inconcevables que l'industrie du textile reste indéfiniment dépendante de l'importation des fibres synthétiques, notamment le polyester, l'acrylique et le polyamide (nylon), alors que leur matière première provient des hydrocarbures. Le marché national continue, ainsi, à être approvisionné quasi-exclusivement de produits d'importation, souvent en provenance des pays asiatiques, en particulier de Chine. Coût des importations : 6 milliards de dinars (80 millions de dollars) par an. Aujourd'hui, la part du textile dans le PIB est inférieure à 2%, selon les chiffres de l'ONS. Conscients des dangers qui menacent tout un pan de l'industrie nationale, les pouvoirs publics ont finalement songé à relancer cette filière à travers le lancement de plusieurs projets sous forme de partenariat avec des opérateurs, notamment étrangers, connus pour leur maîtrise du secteur. C'est ainsi qu'est né le projet de réalisation du grand pôle industriel des textiles Tayal, issu d'un partenariat algéro-turc, avec un coût de réalisation de 155 milliards de dinars. Selon Ahmed Benayad, les premières opérations de production débuteront fin 2016. Dans une première étape, le projet prévoit la réalisation, sur une superficie de 100 ha, de huit usines intégrées qui seront spécialisées dans la production des tissus denim (jean), des filets textiles et d'autres types de tissus, de confection des chemises, des pantalons jean, des articles de bonneterie et de finissage de tissus, précise-t-il. Rien que pour le tissu denim, il est prévu une production de 30 millions de mètres par an, dont 15 millions, soit 50% de la production globale, seront transformés pour la fabrication de pantalons jean, tandis que le reste sera exporté vers une usine du partenaire turc Taypa en Egypte. A l'issue de cette première phase du projet, une dizaine d'autres usines, spécialisées essentiellement dans la production de linge de maison, d'accessoires de confection et de tissus non tissés, seront réalisées dans une seconde étape du projet sur les 150 ha restants de la superficie prévue.