Selon PGA, l'affaire a pris des proportions énormes en Algérie et à l'étranger. Les nouveaux projets de Sonatrach seront très probablement ralentis ou différés. Comment Chakib Khelil pouvait-il ignorer ce qui se passait ? Dans un article publié dans son dernier numéro daté du début du mois de février, la revue Pétrole et Gaz Arabes (PGA) estime, en parlant du scandale qui secoue Sonatrach que « cette affaire a pris des proportions énormes, en Algérie bien sûr, mais aussi à l'étranger compte tenu du poids de Sonatrach et du pays sur les marchés pétroliers et gaziers internationaux ». « Le mal est d'ailleurs plus profond car, d'une certaine façon, Sonatrach est l'Algérie et le scandale qui la frappe ne peut que rejaillir sur le pays tout entier, directement ou indirectement », selon le rédacteur de l'article. PGA a relevé qu'aucune mention de l'affaire n'existait sur les sites internet officiels de Sonatrach et du ministère de l'Energie. Après avoir cité les faits et les informations donnés par les différents titres de la presse nationale sur l'affaire accompagnés des commentaires sur les aspects politiques, PGA aborde la question de l'impact du scandale sur les activités et projets de Sonatrach et de l'Algérie. L'article parle d'abord de l'intérim : « Un intérim dont personne ne sait combien de temps il pourra durer. » L'équipe dirigeante actuelle a été nommée par intérim, aussi bien le PDG que les vice-présidents. « Mais au-delà des compétences des personnes concernées, dont nul ne doute, il y a la capacité d'assumer, sans préparation et dans des circonstances de crise, des fonctions de direction, ce qui est autre chose », selon PGA. « Un autre facteur doit être pris en compte à cet égard. De nombreux cadres de Sonatrach font preuve de beaucoup de prudence, pour ne pas dire plus, s'ils ont le sentiment qu'ils ne sont pas couverts par leurs supérieurs, ce qui entraîne des retards significatifs pour divers dossiers », estime PGA. L'article analyse aussi les impacts sur le processus décisionnel. « Après une telle affaire et en raison de l'ampleur sans précédent de ses conséquences plus les incertitudes majeures qui planent pour plusieurs mois au moins sans doute sur l'entreprise nationale, on imagine à quel point les processus de prise de décision – déjà jugés beaucoup trop lents par une bonne partie des partenaires étrangers de Sonatrach – pourraient être négativement affectés. » « Les exportations d'hydrocarbures liquides et gazeux par le groupe ne sont évidemment pas menacées et les projets en cours se poursuivront », estime PGA. Par contre « les nouveaux projets seront très probablement ralentis ou différés pendant une période qui ne peut être déterminée aujourd'hui ». Cette analyse est aussi valable pour « les négociations avec les compagnies étrangères », selon PGA qui cite comme exemple la préparation du prochain appel d'offres international pour l'exploration et/ou le développement, vu que le soutien technico-économique de Sonatrach est très précieux pour l'agence Alnaft chargée de la préparation. Sur le plan politique, PGA estime que « la position du ministre, qui est le véritable patron du secteur énergétique en Algérie, est donc fragilisée » en rappelant les relations très étroites de l'entreprise avec le pouvoir et le caractère stratégique de cette dernière. Pour PGA, le pouvoir « est donc supposé ne pas pouvoir ignorer ce qui se passe au sein du groupe énergétique national qu'il est chargé de contrôler ». « Exerçant directement la tutelle de l'Etat sur Sonatrach, Chakib Khelil est quasiment en première ligne comme le montrent de nombreux titres des médias », selon PGA. « Comment pouvait-il ignorer ce qui se passait, demandent les uns ? Comment pouvait-il ne pas avoir connaissance des enquêtes en cours ? », demandent les autres (ou les mêmes). « Pourquoi la tutelle n'a-t-elle pas joué son rôle de surveillance et de contrôle alors que certains estiment, à tort ou à raison, que rien d'important à Sonatrach n'est décidé sans que le ministère de l'Energie ne soit impliqué ? », argumente l'auteur de l'article.