L'université de l'Amitié des Peuples à Moscou, qui a formé des générations d'élites originaires des pays du Sud, a célébré samedi ses 50 ans. Les festivités ont débuté dans l'après-midi par des spectacles, des chants et danses interprétés par des étudiants en costumes traditionnels dans la grande salle des fêtes du Kremlin, en présence de plus de 5000 personnes venues notamment d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie. Créée en 1960, sous le nom d'université Patrice Lumumba, figure célèbre de l'indépendance du Congo belge, l'université située dans le sud-ouest de Moscou avait pour objectif principal de former les futures élites du Tiers-Monde, tout en propageant l'idéologie communiste. Les étudiants des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine étaient encouragés à venir y étudier via un système de bourses offertes par Moscou, qui existe encore actuellement. Aujourd'hui, l'université accueille plus de 23 000 étudiants, dont environ 4000 étrangers, originaires de 130 pays, alors que l'université d'Etat de Moscou, la plus prestigieuse de Russie, accueille environ 40 000 étudiants, dont 2000 étrangers de 70 pays. Parmi les anciens élèves de Lumumba figurent notamment Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, et Bharrat Jagdeo, président de la Guyana, qui participait aux festivités du 50e anniversaire. Toutefois, la situation des étudiants étrangers, qui n'ont pas la peau blanche, reste difficile en Russie, notamment pour les Africains, très souvent victimes d'agressions racistes, comme ce fut le cas de certains étudiants de cette université. « Je me suis fait agresser à deux reprises depuis mon arrivée en septembre dernier », a déclaré un étudiant congolais, âgé de 24 ans. « Il faut se balader en groupe pour éviter de se faire agresser », souligne-t-il. « Depuis, je n'ai plus envie de me promener dans le centre, seul ou même en groupe », raconte l'étudiant qui ne se sent en sécurité que « dans le périmètre de l'université » très cosmopolite, qui dispose d'une cité universitaire. Ces étudiants n'ont pas toujours les moyens ou la possibilité de venir étudier en Europe ou aux Etats-Unis. « J'ai choisi la Russie car je ne bénéficie pas de bourse de coopération. Les frais d'inscription sont donc à ma charge. Et ailleurs, c'était trop cher. Ma famille ne pouvait pas se le permettre », a expliqué l'un d'eux.