«Au final, il pourrait y avoir une décision politique pour trancher cette question en cas d'absence de consensus au sein de l'académie», a-t-il déclaré en réponse, hier, aux préoccupations soulevées par les sénateurs. La problématique de la transcription de tamazight pourrait être réglée par une décision politique. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique n'exclut pas cette option dans le cas où l'Académie n'arrivera pas à dégager un consensus autour du caractère de transcription de la langue. «Au final, il pourrait y avoir une décision politique pour trancher cette question en cas d'absence de consensus au sein de l'Académie», a-t-il déclaré en réponse hier, aux préoccupations soulevées par les sénateurs lors du débat sur le projet de loi organique portant sur la création de l'Académie algérienne de la langue amazighe. Une déclaration qui veut mettre fin à la polémique qui enfle avant même que l'Académie ne soit créée. Le ministre a cité l'exemple du Maroc qui a essayé l'écriture de tamazight avec tous les caractères avant de recourir à un arbitrage politique. Abdelkader Hadjar a reconnu que la question de la transcription de la langue n'est pas une mince affaire et qu'elle nécessite un travail de longue haleine. «Il est encore prématuré de débattre la question du caractère de transcription de la langue amazighe», a-t-il soutenu en appelant les scientifiques et les académiciens à rassembler toutes les variantes de la langue qui sont au nombre de 12 ou 13. L'hôte des sénateurs estime qu'il faut éviter les débats stériles et prendre en considération tous les aspects historiques, linguistiques et culturels dans le traitement de cette question. Il a rappelé que même la langue arabe est passée par cette étape. «L'élaboration du dictionnaire de la langue arabe a duré plus de deux siècles», a-t-il fait savoir en rappelant qu'elle était un mélange de plusieurs variantes linguistiques. Exprimant son point de vue personnel, le ministre se dit favorable pour son inscription en tifinagh. «Chaque langue a sa personnalité et son alphabet», a-t-il jugé. Revenant sur la composante de la future académie, le ministre a tenu à rassurer que le choix des membres de cette instance se fera sur la base de critères scientifiques. «La composante sera désignée sur la base de critères purement scientifiques et non pas représentatifs, idéologiques, partisans ou régionaux», a-t-il certifié, afin d'assurer les esprits. Hadjar a réitéré son appel aux politiques les invitant à se retirer du débat et laisser le soin aux académiciens pour travailler dans la sérénité et loin de toute pression ou surenchère politique. Lors des débats, les sénateurs étaient partagés dans leurs points de vue à propos du caractère de transcription de tamazight. Mohamed Kissari a exhorté les scientifiques à ne pas opter pour l'écriture de la langue amazighe en latin. Il a même plaidé pour la non- politisation de l'académie et son éloignement de toutes pressions. «L'enseignement de tamazight doit être facultatif et non obligatoire», a-t-il soutenu. Le sénateur du FFS, Moussa Tamartadaza a tenu à préciser dans son intervention que tamazight est un facteur réunificateur de la nation et non pas le contraire. Il a revendiqué l'utilisation de la langue amazighe de manière officielle au sein des institutions de l'Etat au même titre que la langue arabe. Nouara Djaâffar, du tiers présidentiel a insisté sur le renforcement de l'unité nationale et la valorisation de la langue amazighe. «Il faut laisser le temps à l'Académie pour mener profondément ses recherches sur le patrimoine amazigh», a-t-elle plaidé.