L'édifice patiemment mis en place par l'ONU a été une nouvelle fois détruit par le Maroc qui refuse de se soumettre aux résolutions du Conseil de sécurité et entend imposer sa propre solution au conflit du Sahara occidental. Alors même que les délégations marocaine et sahraouie ainsi que des représentants de l'Algérie et de la Mauritanie, invités en tant que pays voisins, étaient sur le chemin de New York, Rabat déclarait que l'option du référendum d'autodétermination était « inapplicable ». Un décret royal dira-t-on, sauf que celui-ci se base sur l'usage de la force propre aux forces d'occupation, et alors même que Rabat avait accepté de prendre part aux négociations de New York initiées par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, tout en sachant qu'elles avaient pour but de trouver une solution dans le cadre du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. C'est ce que stipule explicitement la résolution de l'instance onusienne adoptée en 2007 sur recommandation de son secrétaire général Ban Ki-moon. Un vote acquis à l'unanimité des membres du Conseil de sécurité. Depuis cette date, quatre rounds ont été organisés mais sans succès, en raison de l'obstination du Maroc à persister dans son blocage. Cette fois aussi, apprend-on de source marocaine, la délégation de ce pays ne fera rien d'autre que de vouloir couper la poire en deux, c'est-à-dire chercher un accord politique sans que cela mène, de quelque manière que ce soit, au processus référendaire. C'est-à-dire amener le Front Polisario à renier des engagements qui, en fin de compte, ne sont plus seulement les siens depuis l'engagement, en ce sens, de la communauté internationale. Et c'est à ce titre d'ailleurs que celle-ci doit imposer ses choix au Maroc, puissance occupante. Pourtant, rappellera-t-on, Rabat avait souscrit au plan de paix des Nations unies, persuadé au moment de sa conclusion que son occupation avait créé une situation irréversible et que le référendum ne serait qu'une simple formalité. Des têtes sont tombées pour n'avoir pas fait des Sahraouis de bons électeurs. Mais cela reste une histoire marocaine puisque l'ONU continue à traiter le Maroc comme une simple puissance occupante et le conflit sahraoui sous l'angle de la décolonisation, en appelant à des négociations « sans conditions préalables », en vue de parvenir à une solution politique au conflit au Sahara occidental, qui respecte le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. A l'annonce de la reprise de ces pourparlers informels par son envoyé personnel, Ban Ki-moon a estimé qu'un règlement rapide de ce conflit « serait bénéfique à la paix et à la sécurité dans la région ». Il a indiqué que son envoyé personnel « s'est engagé dans des discussions avec toutes les parties concernées au cours de l'année écoulée et, particulièrement, la réunion informelle tenue à Vienne en août dernier », la jugeant « très utile ». M. Ban, qui s'est dit « très encouragé » que les parties eurent accepté de tenir cette seconde rencontre, a ajouté que « nous espérons sincèrement » pouvoir « aller de l'avant ». C'était bien entendu avant cette déclaration marocaine faite quelques heures à peine avant la tenue des discussions informelles, hier. Ce n'est pas nouveau comme cela est apparu dans toutes les négociations envisagées ou organisées dans le cadre de l'organisation mondiale depuis 1997. Et il revient encore une fois à l'ONU d'appliquer ses propres résolutions, car il s'agit de rendre justice à un peuple, et de prévenir les conséquences jugées dangereuses du statu quo actuel.