Cette initiative n'est pas un simple caprice de militants. Elle annonce une tempête politique. Alors que le secrétaire général de l'instance exécutive du parti fait la sourde oreille, des militants du vieux parti agissent sur le terrain. Un groupe de militants vient d'appeler à un débat «constructif pour le renouveau du parti du FLN». Un texte non signé portant la mention «groupe de militants du parti du FLN» envoyé, hier, à notre rédaction, explique avec menus détails les axes de réflexion sur lesquels doit porter le débat qu'ils revendiquent au sein du parti majoritaire. Le moment est très mal venu pour le FLN qui voulait drainer la classe politique et la société civile dans son appel à un troisième mandat pour Bouteflika. Le moment est aussi mal choisi car ce ne sont pas les mécontents qui manquent au sein du parti de Belkhadem, qui demeure la première force politique malgré son recul lors des dernières élections locales. L'objectif apparent du débat que ces militants non identifiés revendiquent est la constitution «d'un vaste rassemblement populaire autour de la personne du président de la République dans le respect du pluralisme politique et du multipartisme». Voilà donc qui appelle à des questionnements: ces militants entendent-ils créer un nouveau parti politique pour la future élection présidentielle, un rassemblement à la manière du Rassemblement patriotique du défunt Mohamed Boudiaf ou alors s'agit-il tout simplement de contrer des ébauches de rassemblement autour de la personne de Mouloud Hamrouche, toujours en perspective de la présidentielle de 2009? Rien n'est clair pour l'instant sinon que des remous commencent à prendre forme au sein du parti rompu aux jeux des coulisses. Il ne s'agit pas d'un simple caprice politique: quand des militants du FLN agissent dans l'ombre, cela signifie inévitablement que la météo politique annonce une tempête capable d'emporter des têtes sur son passage. Les initiateurs de ce «rassemblement» aux contours indéfinis estiment que le FLN «il dans un état de délabrement et il est incapable d'assumer une telle mission». Ces militants considérant également que «le FLN est dans une situation de crise», donnent l'impression d'être pressés. C'est du moins ce qui ressort en filigrane dans leur proposition «d'où l'urgence impérative de sa rénovation, de sa modernisation et pourquoi pas d'une véritable refondation». Du coup d'Etat scientifique contre Abdelhamid Mehri au mouvement de redressement qui a emporté dans son sillage Ali Benflis, au congrès réunificateur qui a installé Belkhadem, voilà qu'un autre vent de contestation souffle dans la maison FLN et demande la tête de Belkhadem. Cette situation n'est pas nouvelle pour le vieux parti, qui semble s'inscrire dans un cycle de crises interminables depuis qu'il a voulu tenter l'expérience de l'opposition en 1995. Décidément, le mal est profond et les contestataires refusent de réduire la crise du FLN à un simple chahut de militants. Leur document s'apparente carrément à une plate-forme de revendications puisqu'il scanne, identifie et dénonce les dysfonctionnements du parti. Aussi, relèvent-ils, «une crise de fonctionnement, une crise d'organisation, une crise de confiance, une crise de stratégie et un déclin d'un appareil». Avant d'avancer des chiffres sur l'assiette électorale du parti, ces militants ont précisé les raisons qui les ont poussés à faire ces propositions. Il s'agissait de «répondre à l'appel des militants déçus pour éviter un enlisement de leur parti». Mais les vraies raisons sont ailleurs, car quand le FLN tremble, les vieux démons se réveillent.