Ce cinquième round n'a pas échappé à la règle écrite en 2007 à Manhasset et qui consiste à sacrifier à cette formalité d'un pseudo tête-à-tête dont on connaît le résultat avant son annonce en grande pompe. Une nouvelle fois, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, n'a fait que constater le grand fossé séparant l'attachement du Front Polisario au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, conformément aux résolutions onusiennes, et l'entêtement du Maroc à mettre son plan d'autonomie comme un grain de sel dans les négociations. « Aucune des deux parties n'a accepté la proposition de l'autre comme base unique pour les négociations à venir », a précisé l'envoyé spécial du SG de l'ONU pour le Sahara occidental, dans un communiqué rendu public à l'issue de ces pourparlers à huis clos. Comment pouvait-il en être autrement dès lors que l'organisation de Ban Ki-moon se montre incapable de faire entendre raison au Maroc ? Ces discussions autour d'un café, aux Etats-Unis, ressemblent assurément à un feuilleton de mauvais goût. Pour les Sahraouis surtout. Car pour le royaume du Maroc, le temps est un allié. Autant donc passer le temps dans ce genre de rencontres informelles qui ne sont que de simples formalités destinées à entretenir un semblant de sérieux dans une discussion piégée par une approche exclusivement annexionniste. Le Maroc, qui compte sur les lobbies qu'il achète à coups de millions de dollars pour s'assurer la pérennité du soutien de Washington, a le beau rôle dans ces tours de table improductifs. Mis à part la mise à nu réussie par la militante sahraouie Aminatou Haïdar, qui a subjugué le monde et a amené le roi à se dégonfler suite aux ordres de Paris et Washington, le Polisario a du mal à faire entendre raison aux puissants de ce monde de soumettre le Maroc au respect de la légalité internationale. C'est, en effet, le Conseil de sécurité de l'ONU qui a adopté la résolution 1871 qui demande « aux parties (le Maroc et le Polisario) de poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi (…) en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Pourquoi donc Christopher Ross a-t-il jugé utile de convoquer les deux parties à New York, sachant d'avance que Rabat s'enferme encore dans son plan ? C'est à ce niveau que se situe la faillite de ce « machin » de l'ONU qui n'arrive pas à sortir de ce cercle vicieux. A quoi servirait-il alors de « poursuivre les négociations dès que possible » ? Le communiqué rendu public hier par Christopher Ross, au lendemain de cet échec recommencé, rappelle la littérature en vogue chez les potentats en nos contrées. « Les discussions entre le Maroc et le Front Polisario se sont tenues dans un esprit d'engagement sérieux, de respect mutuel et d'honnêteté » ! Mais où est donc cet engagement, ce sérieux et cette honnêteté dont parle Christopher Ross puisqu'il annonce lui-même que la rencontre n'a abouti à aucun résultat tangible ? En réalité, l'envoyé spécial de l'ONU n'a fait que convoquer les deux parties pour « spécialement » pondre un communiqué et dire au monde que l'affaire est prise charge ! Fallait-il, en effet, toute cette logistique et ce battage médiatique pour un dialogue aux allures de soliloque marocain ? C'est la mort dans l'âme que le Polisario a constaté hier que le Maroc a « persévéré dans son intransigeance, au mépris des résolutions du Conseil de sécurité (…), malgré l'insistance de Christopher Ross ». Tout se passe comme si l'envoyé spécial de l'ONU est chargé d'organiser ces rencontres et le Maroc d'imposer son préalable. Et au final, c'est le peuple sahraoui qui trinque…