C'est aujourd'hui à Vienne en Autriche, que le diplomate américain, envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, tentera de rapprocher les positions tranchées des deux belligérants. Un véritable baptême du feu pour le médiateur onusien. Un espoir de paix, aussi fragile soit-il, pour la communauté internationale soucieuse de l'application, sans conditions, des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité. La tâche est cependant loin de représenter une simple formalité tant les positions des deux protagonistes sont aux antipodes. Le quatrième round de négociations entre Marocains et Sahraouis est resté sur un cuisant échec avec, en toile de fond, une sortie médiatique fracassante de l'ex-représentant personnel de Ban Ki-moon. En plus de n'avoir pas pu arranger les choses, il a jeté un trouble quant à sa neutralité et à sa crédibilité. Peter Van Walsum avait estimé dans une déclaration aussi inattendue qu'inopportune, faite le 21 avril 2008, que l'indépendance du Sahara occidental était une option «irréaliste». Côté marocain, l'on a commencé à jubiler. «C'est un homme pertinent dans ses estimations et objectif dans ses conclusions», s'était précipité de souligner dans un communiqué le département marocain des Affaires étrangères. Tandis que révoltée, la diplomatie sahraouie s'était mise en branle pour réclamer la tête de celui qui venait, en quelque sorte, de contrarier l'espoir ténu de l'accession du peuple sahraoui au droit à l'autodétermination. «Toute initiative visant à dénaturer le conflit ou à le sortir de son cadre historique et légal est vouée à l'échec, comme toutes celles qui ont échoué depuis 1975», avait mis en garde Brahim Ghali, ancien ambassadeur de la République sahraouie à Alger. Le diplomate néerlandais a bien fini par s'en mordre les doigts. Le secrétaire général de l'ONU n'a pas renouvelé son mandat qui prenait fin au mois d'août de l'année dernière. Il y a des rêves que l'on ne peut tuer par de simples mots surtout lorsque la cause est juste. Sur les épaules de Christopher Ross repose désormais la lourde tâche de mettre sur pied un cinquième round de négociations qui devrait très probablement se tenir comme les quatre autres éditions qui l'ont précédé à Manhasset, dans la banlieue de New York, aux Etats-Unis. La réunion informelle qui débutera aujourd'hui et qui se tiendra dans la capitale autrichienne durera deux jours. Si l'on se fie aux sorties médiatiques des responsables politiques des deux parties en conflit, on a tout simplement l'impression qu'elle tient du miracle. La raison est toute simple: les autorités marocaines campent sur leurs positions et ne jurent que par leur plan de large autonomie. «Malheureusement, nous pouvons affirmer aujourd'hui, en nous basant sur certains indices, notamment la persistance de la partie marocaine dans sa politique de fait colonialiste, qu'il n'y a pas d'évolution, et pis encore, nous ne voyons pas de perspectives de progrès», a fait constater le chef du gouvernement de la Rasd, Abdelkader Taleb Omar. La résolution 1871 adoptée dans la nuit du jeudi 30 avril 2009 ne semble pas, en effet, avoir fait fléchir les responsables marocains. En plus d'appeler les deux parties en conflit à reprendre les pourparlers sans conditions préalables, la résolution stipule que «ces pourparlers doivent viser à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable et qui pourvoie à l'autodétermination du peuple sahraoui». Du côté de Rabat, on l'entend d'une autre oreille. «Le Conseil de sécurité a affirmé la prééminence de l'initiative marocaine d'autonomie et a réitéré l'appel à des négociations intenses et substantielles, sur la base de réalisme et de compromis et en tenant compte des efforts déployés par le Maroc depuis 2006», a indiqué un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères au début du mois de mai 2009. Une quinzaine de jours après cette déclaration, le Front Polisario a averti: «La direction du Front Polisario est très gênée par cette situation d'enlisement dans laquelle se trouve le conflit sahraoui. Elle veut passer à une autre étape et si le cinquième round de négociations échoue, nous n'aurons d'autre alternative que la reprise de la guerre», a prévenu le chef du gouvernement de la République sahraouie. Lors de sa seconde tournée dans la région à la fin du mois de juin dernier, l'envoyé spécial de Ban Ki-moon s'est dit «optimiste» quant à l'organisation d'une rencontre informelle entre le Maroc et le Polisario. «Je suis optimiste quant à cette première rencontre informelle qui, j'en suis sûr, apportera une contribution importante à la recherche d'une résolution du conflit qui dure déjà depuis trop longtemps...», a confié Christopher Ross à l'issue d'un entretien avec le chef de la diplomatie marocaine, Taïeb Fassi Fihri. Selon toute vraisemblance, un consensus a été trouvé pour la tenue de cette réunion préparatoire à de futures négociations plus intenses. En ce qui concerne l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui, cela sera très probablement une autre paire de manches.