Le nonagénaire à la santé fragile a beau se tenir de plus en plus à l'écart de la vie publique, il est révéré dans le monde entier pour les valeurs universelles qu'il incarne. Sur les trottoirs de la fameuse rue Vilikazi, où vécut Nelson Mandela dans une modeste maisonnette de Soweto, les marchands à la sauvette proposent aux visiteurs une incroyable déclinaison d'objets à l'effigie du héros de la lutte anti-apartheid. Le visage du premier président noir d'Afrique du Sud sourit sur des tee-shirts, des drapeaux, des badges qui parsèment les étals judicieusement positionnés aux arrêts des autocars de touristes parcourant l'immense township au sud de Johannesburg. Kgomotoso Mahlasela, installé juste en face de la maison transformée en musée, offre même des bustes de plâtre de l'icône planétaire, hâtivement recouverts d'une peinture dorée ou argentée. « Les gens de la maison de Mandela disent que son image est protégée par une licence d'exploitation et que nous ne sommes pas supposés la vendre », dit le jeune homme de 25 ans. « Il faut d'abord obtenir la permission. » Mais personne ne s'en est jamais inquiété. Le seul objet qu'on lui ait demandé de retirer fut un grand tableau de la main de son oncle, un portrait du héros que l'artiste a fini par céder à un musée proche. Pour le jeune marchand, qui réalise un profit de 200% sur les badges vendus 30 rands (moins de quatre dollars US, ou de trois euros), l'image de Madiba, le nom de clan de l'ancien prisonnier politique le plus connu de la planète, « devrait appartenir à tout le monde parce qu'il est notre icône ». Et d'ajouter : « Nous vendons ces objets aux gens du monde entier, ce sont eux qui veulent l'image de Mandela. » La Fondation Mandela, qui poursuit l'œuvre du nonagénaire envers les enfants et l'éducation, se débat pourtant pour éviter les dérapages. L'actrice sud-africaine, Charlize Theron, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, ou encore des escrocs du courriel espérant faire fortune en alliant le nom de Mandela au Mondial de foot 2010 en Afrique du Sud, tous l'ont appris à leurs dépens : la marque Nelson Mandela n'est pas à vendre. « Tout abus est sanctionné, affirme la Fondation créée par Mandela lorsqu'il s'est retiré de la vie politique en 1999. « Dès que nous décelons un problème, nous intervenons. » C'est une tâche sans fin. Le nonagénaire à la santé fragile a beau se tenir de plus en plus à l'écart de la vie publique, il est révéré dans le monde entier pour les valeurs universelles qu'il incarne, de pardon et de réconciliation. Son nom se glisse partout, du dépôt de pièces automobile Mandela Auto Body Parts à Port Elizabeth, sur l'océan Indien en Afrique du Sud, jusqu'au Madiba Restaurant à New York, aux Etats-Unis. Aucune information n'est disponible sur l'argent réalisé grâce aux droits d'exploitation, mais la Fondation décline sur son site internet la liste des fraudes à laquelle n'échappent ni célébrités ni offices publics.