Il y a 3 mois, jour pour jour, le bus de l'équipe d'Algérie était caillassé au Caire, la veille du match Egypte - Algérie, comptant pour la dernière journée des éliminatoires combinées CAN et Coupe du monde 2010. Le dossier de cette grave affaire dort dans les tiroirs douillets de la FIFA, sans que cette dernière ne montre aucun empressement pour le traiter. Rappel des faits : le 12 novembre 2009, les Verts arrivent au Caire où un comité d'accueil particulier les attendait à leur descente d'avion en provenance d'Italie où ils étaient en stage. Aux abords de l'Iberhôtel, proche de l'aéroport, le bus qui transporte la délégation est attaqué à coups de pierres et divers projectiles par des Egyptiens. Bilan de l'attaque : des joueurs algériens sont blessés. En quelques minutes, l'information fait le tour des rédactions du monde entier. Les Egyptiens s'empressent de démentir. Malheureusement pour eux, des images recueillies par l'équipe de Canal+, présente sur place au moment de l'agression, et les portables des joueurs portent un rude coup aux mensonges des Egyptiens. A partir de cet instant, le rendez-vous « footballistique » prend une autre tournure. Les politiques s'en mêlent. Le ton monte entre Alger et Le Caire. La FIFA se contente d'observer avant d'adresser une mise en garde à l'Egypte, lui enjoignant de garantir, par écrit, la sécurité de la délégation algérienne. Le match sort de son contexte sportif. 48 heures nous séparent du rendez-vous qui fait craindre le pire. La planète entière a les yeux braqués sur le Cairo Stadium. Des voix se sont élevées pour condamner l'absence de réaction de la FIFA par rapport, justement, à la gravité de la situation. Des confrères européens n'ont pas caché leur « surprise » sur le silence radio observé par les pontes de Zurich, si prompts en d'autres occasions à donner des leçons, à droite et à gauche, sur la sécurité. Après la fusillade du bus des Togolais par les séparatistes cabindais (FLEC) qui a coûté la vie à deux Togolais, la FIFA s'est fendue d'un communiqué, peau de banane sous les pieds de la CAF, pour se dédouaner de ce drame et enfoncer par-là même la CAF aux yeux de l'opinion internationale, comme si elle, la FIFA, est à l'abri d'un tel acte. Dans cette affaire du Caire, il y a comme des relents de parti pris de la part de l'instance internationale. Faut-il rappeler ici ses mises en garde à l'Algérie à la veille de ses matches à Blida face à l'Egypte, la Zambie et au Rwanda, au motif que les fumigènes balancés sur le terrain par des supporters représentaient un réel danger pour la sécurité des joueurs, entraîneurs, arbitres et autres officiels. La FIFA brandissait la menace de suspension et de défalcation de points. L'épisode du Caire renseigne un peu plus sur la politique de deux poids deux mesures de la FIFA. Non contente d'être restée sans réaction face à l'agression dont ont été victimes les joueurs algériens, quelques heures avant leur participation à une rencontre organisée sous son égide, elle a tout fait pour calmer le jeu, comme l'atteste la dernière sortie de son président, Joseph S. Blatter, à Luanda, en marge de la CAN 2010, où il a exhorté les présidents Mohamed Raouraoua (Algérie) et Samir Zaher (Egypte) à se réconcilier, ouvrant ainsi la porte à une probable clémence vis-à-vis de la fédération égyptienne. La tentation de fermer les yeux sur les graves incidents du Caire est latente depuis le début. Même le syndicat des footballeurs professionnels (FIFPRO), d'habitude si prompt « à défendre les intérêts moraux et matériels des footballeurs pros », l'a mise en sourdine alors que des joueurs algériens, pratiquement tous professionnels, ont été agressés avant un match. La même chose serait arrivée à une sélection européenne, ciel et terre auraient été remués et des sanctions seraient vites tombées. 90 jours est un délai largement suffisant pour rendre le verdict dans cette affaire. A priori, toutes les parties concernées vont être prochainement auditionnées, c'est du moins ce que laisse entendre une source zurichoise. Les fédérations algérienne et égyptienne seront invitées à venir défendre leur dossier respectif. Ensuite, ce sera au tour des officiels de la FIFA présents au Caire de s'exprimer devant la commission. Pour rappel, les experts, ils étaient trois, à savoir le Suisse Walter Gagg, responsable de la sécurité, le Marocain Mohamed Bahou, coordinateur, et le Soudanais Kamel Chaddad, commissaire du match, tous trois désignés par la FIFA, ont déjà transmis leur rapport. Les trois rapports seraient sans concession pour la partie égyptienne. La FIFA prendra-t-elle (toutes) ses responsabilités ? C'est-à-dire prononcer une lourde sanction contre l'Egypte, du type suspension de participation aux éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Ou, au contraire, se contentera-t-elle de lui infliger un avertissement assorti d'une sanction financière ?