Des hommes à la fleur de l'âge ont, en effet, trouvé un nouveau métier, un créneau porteur, celui d'agent immobilier en… plein air ! De deux ou trois «maquignons de l'immobilier» il y a quelques mois, le nombre de ces professionnels des transactions immobilières a augmenté de façon exponentielle ces derniers temps, l'été constituant la période idéale pour la réussite de ce genre de commerce. Pour Mohamed, la cinquantaine, qui installe, depuis plus de deux ans, son «agence immobilière» au centre-ville d'Ouled Yaïch, la période entre juillet et fin août est très porteuse en affaires. «La plupart des locataires changent de cité en cette période et les propriétaires de biens immobiliers trouvent en l'été la saison la plus appropriée pour la vente. C'est par expérience que je suis parvenu à ce constat», explique-t-il. Mohamed, ancien chauffeur de taxi, ne regrette pas d'avoir changé de métier. Au contraire, il se dit «très satisfait» de sa nouvelle situation professionnelle. «J'arrive à gagner convenablement ma vie et un grand nombre de citoyens me sollicitent. Les propriétaires de biens immobiliers me font de plus en plus confiance, car les transactions se font beaucoup plus vite en plein air», se félicite notre interlocuteur. A à peine une quinzaine de mètres sur le même trottoir, deux autres agents immobiliers informels attendent d'éventuels clients. La chaleur suffocante de ce début juillet n'a en rien entamé leur détermination à poursuivre une «fonction» jugée, du reste, comme un gagne-pain. Mais elle apporte bien plus que de petites commissions offertes par les deux parties des transactions immobilières. «Ici, nous gagnons surtout l'estime des citoyens et aussi de bonnes connaissances avec des cadres dans divers secteurs d'activité», avoue d'un ton satisfait Omar, un nouveau venu dans le métier. «J'ai entamé ce travail il y a à peine trois mois, mais j'arrive à tirer mon épingle du jeu. J'ai fait connaissance d'une dizaine de cadres supérieurs et de médecins spécialistes qui ont trouvé des appartements à louer grâce à mes services. Aujourd'hui, je peux leur demander n'importe quel service et, j'en suis certain, ils vont réagir positivement», atteste-t-il. Il est remarquable, en effet, que ces agents immobiliers informels usent d'un langage et d'un tact à même de satisfaire leurs «clients». Ils ont battu, de loin, le flair des maquignons de marchés de bétail. «Il est évident qu'il faut être accueillant, patient et compréhensif avec les gens. C'est d'ailleurs le secret de notre réussite», confirment à l'unanimité nos interlocuteurs. Éviter le casse-tête et le…13e mois ! Les citoyens qui sollicitent les services de ces agents immobiliers gagnent aussi en temps et en tranquillité et ils s'épargnent de ce fait de payer un mois supplémentaire réclamé par les agences immobilières exerçant dans la légalité. «Nous voulons avoir des loyers à bon prix et éviter de payer 13 mois au lieu de 12 à l'avance. Ces agents de trottoirs se contentent de petites commissions et ils n' augmentent pas les tarifs comme font certains agents agréés», avouent des citoyens en quête d'appartements à louer. «Ce n'est pas par pitié ou compassion que nous travaillons avec ces agents informels, on cherche nos intérêts avant tout. Et ils offrent de meilleurs services et font montre d'une disponibilité idéale», ajoutent nos interlocuteurs. La ville de Blida est très sollicitée, ces dernières années, en termes de location ou d'achat de biens immobiliers, en vue des prix «raisonnables» qui y sont pratiqués comparativement aux villes limitrophes d'Alger et Tipasa, mais aussi pour la disponibilité de tous les moyens ( hôpitaux, universités, transport, emploi…). Un appartement loué à Blida pour 25 000 DA le mois est cédé à pas moins de 40 000 DA à Birtouta (Alger), par exemple. Et c'est le même constat pour la vente d'appartements, de villas ou de terrains. Bonheur des uns, malheur des autres…. L'essor qu'a connu l'activité de transactions immobilières informelle a fait aussi de nombreux mécontents parmi les agences immobilières agréées. Les gérants de certaines agences font part de leur colère contre ce phénomène qui a porté un lourd préjudice à leur activité. Interrogés sur le sujet, plusieurs gérants d'agences travaillant dans la légalité n'ont pas caché leur indignation face au silence des autorités. «L'activité de l'agent immobilier est devenue à la portée de tous, alors qu'il existe bel et bien des agences déclarées et qui travaillent dans les normes et les lois en vigueur. Nous n'en voulons pasà ces gens qui ont trouvé un gagne-pain, mais nous demandons l'intervention des autorités concernées pour protéger notre activité !», s'insurgent-ils. Ces derniers trouvent que même des intermédiaires, appelés communément semsar, portent atteinte à leur activité. Il s'agit, en fait, de personnes affichant des annonces immobilières sur les murs des immeubles, espaces publics ou sur le web et se portent «garants» des transactions. Pour ce genre d'agents immobiliers informels et ambulants, un numéro de téléphone ou une adresse mail suffit. Ils sont joignables à tout moment et affichent une disponibilité presque H24. En somme, la ville de Blida connaît une dynamique remarquable dans le domaine, même si l'informel tend à surclasser… le légal.